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Dream Theater : Train Of Thought (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°48)

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La moindre des choses, c'est de reconnaître à Mike Portnoy et ses compères qu'ils ne nous auront pas pris par surprise. Depuis plusieurs mois, ils répètent que le prochain album serait bien plus orienté métal. Ils nous avaient déjà fait le coup avec l'album précédent, qui à l'arrivée n'avait finalement qu'un titre franchement heavy, "the glass prison". Mais cette fois, les déclarations sont bien suivies d'effet, et "Train of thought" s'avère particulièrement violent, et lourd dans ses rythmiques.

On pourrait se dire que tout cela, ce n'est que de l'emballage, que c'est au final la qualité des compositions qui compte. Certes, mais le hic, c'est qu'au-delà de ce gros son, qui apporte avec lui son lot de migraines (un conseil : n'écoutez pas l'album dans sa continuité, ou alors munissez vous de cachets d'aspirine?), c'est pour le moins désagréable de se dire qu'on a écouté (et réécouté sans envie) des morceaux où la seule chose qui a été développée est une écriture rythmique. Où est passée la mélodie ?

L'impression persistante est celle d'écouter une succession quasi ininterrompue de riffs au mètre et de batterie martelée. "Vacant", menée par claviers et violoncelle, est pour ainsi dire la seule respiration de tout l'album. James LaBrie qui a retrouvé la puissance et la clarté de sa voix d'il y a dix ans, y trouve enfin quelque chose à défendre, lui qui voit son talent étouffé tout au long du disque.

Ce qui saute aux yeux, c'est que le groupe manque clairement de direction musicale. Incapable de jeter une idée, ou de juger si elle est utile ou nécessaire, il inclut finalement dans un titre tout ce qu'il peut y caser. Chacun de ces morceaux (sauf "vacant", et "as I am", le premier pour son dépouillement, le second pour son indigence...) est un fourre-tout de 250.000 idées totalement incohérentes, et avec lesquelles le groupe tente vainement de créer une unité. Le pire, c'est que d'autres ont fait pareil avant eux, et avec succès, à commencer par Yes. Mais eux avaient, même dans leur pire délire d'autosatisfaction ("Tales from topographic oceans"), eu la lucidité de s'investir dans l'aspect mélodique. Aspect que le Dream Theater de "Train of thought" a soit oublié, ou pire, n?a pas su trouver, ou pire encore, n'a pas jugé utile de développer.

Il serait largement temps que le groupe réalise qu'il a un besoin existentiel de travailler avec un producteur indépendant, qui les aide à épurer leurs morceaux et canaliser leur énergie.

Ils n'ont plus la lucidité ou le recul nécessaire pour que l'autoproduction leur soit bénéfique.

D'autant que la stérilité mélodique fait tâche. John Petrucci ne délivre pas la moindre émotion de tout le disque. Il se contente de se balader dans ses gammes chromatiques comme un Malmsteen en fête, et pas un de ses solos n'a de sens mélodique. John Myung (dont on entend enfin correctement la basse dans ce qui semble être le seul point positif d'une production assourdissante) manque singulièrement d'inspiration. Même Jordan Rudess, hormis un petit délire bienvenu sur "stream of consciousness" paraît bien fade. Le seul qui finalement continue encore à s'amuser, c'est Portnoy, qui maltraite ses fûts avec la même régularité.

Ce disque est une performance physique de haute volée, on y joue vite, fort, de manière très agressive, sans retenue. Mais sans âme.

Et qu'on ne me lance pas sur le sujet des "emprunts" de plus en plus flagrants qui parsèment l'album, de Metallica ("Blackened", "One", "Orion", "Damage, inc.", ça commence à faire beaucoup) à Tool, en passant par System Of A Down, et même les auto-pompages ("home", "the test that stumped them all", entre autres). Dream Theater ferait mieux de partir d'une feuille blanche la prochaine fois !

A l'heure où un virtuose comme Quentin Tarantino prouve qu'au cinéma, on peut ne rien dire tout en étant flamboyant, Dream Theater démontre qu'en musique, si l'on n'a rien à dire, il vaut mieux se taire.

Daniel Beziz




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