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Deep Thought nous vient d’une contrée à laquelle l’imagerie populaire associe volontiers l’horlogerie, les banques et le chocolat, même s’il existe également des musiciens Suisses célèbres, Stephan Eicher pour ne pas le citer par exemple.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, Deep Though n’est pas le nom de la nouvelle formation de ce talentueux chanteur roulant si bien les "R" ! Non, derrière ce groupe se cache en fait un quintet helvète nous venant de Bâle, dans le nord ouest de la Suisse, ville célèbre pour son salon géant annuel de l’horlogerie (comme quoi on échappe difficilement au ballet des aiguilles en Suisse !).
Oui mais encore ? Et bien chers lecteurs, figurez-vous que Deep Thought fait du prog, si si ! Je sais, dans le pays du compte numéroté et du paradis fiscal, donner dans le genre musical le plus anti-commercial qui soit, ça fait un peu désordre, mais je vous jure que nos 5 musiciens sont des helvètes pur jus !
Jugez plutôt : Martin Altenbach aux percussions, Patrick Merz au micro, Marcel Oehler à la six cordes, Dominik Pfleghaar aux claviers et Dominik Rudmann à la basse.
Après ces quelques pensées profondes ( !), passons si vous le voulez bien au cœur du sujet, la musique.
"Somewhere in the dark" est le premier album du groupe, qui a choisi la voie du néo Prog pour donner libre cours à son inspiration.
La première écoute de cette galette ne m’avait pas, je vous l’avoue à présent, laissé le sentiment d’avoir exhumé un nouveau chef d’œuvre du genre. Encore un album néo prog de plus, étais-je même enclin à penser en cet instant.
J’aurais dû me méfier, car en matière de prog ce type de réaction est souvent bon signe. En effet, à la seconde écoute j’ai eu le sentiment d’écouter un autre disque : une fois la trame et la démarche musicale de l’album familière, je m’attardais plus aux petits détails et trouvailles sonores qui émaillent l’album et valent individuellement le détour.
Ainsi, l’intro batterie-claviers-guitare du premier morceau, "clock" (quand je vous dis qu’ils sont Suisses !) est plutôt sympa, et le chant de Marcel Oehler (en anglais) est juste et agréable, comme tout au long des 9 titres de l’album.
L’album est constitué de 3 longs morceaux (10 à 14’) et de 6 titres moins gourmands autour de 5’ voire moins. Il y en a donc pour tous les goûts. Côté influences, j’ai décelé du Genesis "2ème période", du IQ ou du Marillion comme pour l’intro de "driving" qui a pompé durant quelques secondes le balayage des stations radio de Forgotten Sons, mais rien de bien grave !
"Driving" justement, n’est pas mal fichu du tout, avec ses roulements de batterie constituant une trame rythmique dynamique et originale (Martin Altenbach apporte globalement beaucoup à l’album derrière ses fûts), ou les nappes de claviers juste à propos.
Tous les morceaux sont chantés, ce qui ne constitue pas un problème tant la voix de Patrick Merz est agréable, comme je l’évoquais plus haut. Patrick n’appartient certes pas à la confrérie des chanteurs lyriques tels James La Brie, qui ont la chance de pouvoir conjuguer puissance et ample tessiture, mais ce qu’il fait, il le fait bien.
J’aime assez également le dernier morceau "mud on the hill" qui est assez riche en trouvailles harmoniques et s’autorise quelques "sorties de jeu" intéressantes. Ce morceau est d’autant plus intéressant qu’il intègre une superbe section vocale féminine en la personne d’Isabelle J. Fisher, en duo avec Patrick.
Les "sorties de jeu" c’est du reste ce qui pourrait arriver de mieux à ce groupe pour ses opus suivants : les musiciens se débrouillent individuellement plutôt bien, mais il me semble que la composition n’ose pas suffisamment sortir des sentiers battus du genre. C’est carré, propre et plutôt sympa, mais ce sont des critères auxquels collent un nombre croissant de groupes de (néo)prog aujourd’hui. Les graines d’un "opus n°2" beaucoup moins consensuel existent déjà ça et là dans "Somewhere in the dark", il ne tient qu’au groupe de les cultiver.
Un sympathique premier album quoiqu’il en soit.
Serge Llorente
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