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Claudio Cordero est un jeune chien fou, un écorché vif. Il se nourrit de musique et sa guitare est son exutoire (ce qui vaut sans doute mieux que bien d'autres choses). Elle lui permet de s'exprimer, lui sert de soupape de sécurité dans la vie.
Lorsque le batteur de son groupe d'origine, Matraz, une formation de metal progressif, chilienne comme lui, a préféré poursuivre son étude du marimba traditionnel et délaisser le tabouret de batteur de Matraz, Claudio s'est senti désemparé. En plein désarroi, il a aussitôt cherché à monter son propre groupe.
Parallèlement, il a été remarqué par Alphonso Vidales, le leader du groupe mexicain Cast, qui n'a pas hésité à lui faire couvrir les 8694 kilomètres qui les séparaient (soit autant que de Californie en France. C'est grand, l'Amérique) pour l'intégrer dans sa propre formation. Claudio fait aussi partie de la formation américaine Oxygene8, aujourd'hui emmenée par la stickiste et chanteuse Linda Cushma. C'est dire s'il est actif et demandé. Mais son coeur va tout entier à son nouvel et premier album solo, vert à l'extérieur, comme la nature, comme la carapace que l'on (il) montre aux autres et au monde, mais rouge à l'intérieur, comme le corps humain, comme l'intimité (son intimité), comme l'âme. La peinture de la couverture est une quintuple superposition d'un signe infini à trois branches... 3 et 5 sont donc ses chiffres fétiches.
Son groupe, dans lequel il a notamment embauché le bassiste de Matraz, Jorge Garcia, se compose essentiellement d'une section rythmique et accessoirement de claviers. "Enlace" signifie liaison, connexion en espagnol. Une manière pour Claudio de rester connecté avec le monde qui l'entoure, de ne pas perdre pied.
Et le résultat ? Une série de douze pièces instrumentales relativement courtes faisant la part belle à la guitare, évidemment, qu'elle soit électrique, comme la plupart du temps, ou acoustique, comme à la fin de "viaje astral" (voyage astral) par exemple, le dernier et très rapide morceau de l'album, qui démarre pourtant avec force riffs. Le groupe reste toujours très en retrait et n'est véritablement là que pour servir la guitare de Claudio, qui prédomine toujours. Le style oscille entre ceux de Joe Satriani, Yngwie Malmsteen et Steve Vai, le tout mâtiné de fortes influences sud-américaines, surtout perceptibles dans les passages plus calmes. Mais il y a aussi du Zappa, du Pat Metheny, du John McLaughlin, dans cette musique et peut-être même du Ozric Tentacles, un groupe dont Claudio est grand fan. Certaines pièces, comme "atardecer" (crépuscule) paraissent très techniques mais ne le sont en réalité que relativement. De l'aveu même de l'artiste, l'utilisation à outrance de la réverbération et des effets donne à penser au profane que ce morceau est difficile à jouer, ce qui n'est pas le cas. D'autres morceaux en revanche sont beaucoup plus virtuosiques et techniques, comme le très heavy "intoolerancia", qui fait d'ailleurs appel à un second guitariste. Chaque pièce dépeint un paysage musical différent et en douze morceaux, Claudio nous fait faire le tour de son "petit monde à lui".
L'album est à l'évidence très personnel, très introverti, tout comme Claudio quand il est à jeun, mais en même temps très expressif, très démonstratif et très volubile, exprimant des tas de choses, exprimer au sens littéral de "extraire, faire sortir", tout comme Claudio quand il a bu quelques bières. Un artiste à fleur de peau et surdoué, comme on les aime et dont on n'a pas fini d'entendre parler.
BenoĂźt Herr
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