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Dave Bainbridge est le genre de musicien surdoué et inspiré qui mériterait d'être adulé par les foules du monde entier. Avec son groupe Iona, il a produit depuis 1990 une poignée d'albums fantastiques. Dernièrement, Dave a eu le temps de faire quelques concerts avec son compère multi-intrumentiste Troy Donockley (un album live devrait d'ailleurs voir le jour cette année) et surtout cet album qui a pris plus d'un an pour être complété.
Ceci dit, l'attente valait vraiment la peine, et plus encore ! "Veil of gossamer" est aussi beau et magique que les meilleurs albums de Iona, s'en rapprochant beaucoup sans pour autant en être un.
Nul doute qu'il est progressif et uniquement pour le meilleur, dans tous les sens du terme : recherche sonore et mélodique, complexité structurale, contrastes et variété des influences, virtuosité instrumentale. Mais surtout, il s'en dégage beaucoup d'émotion et de finesse. Ce n'est pas si fréquent !
L'album est globalement instrumental avec seulement trois véritables parties chantées mais il y aussi beaucoup de vocalises et d'harmonies sur une grande partie de l'album. En résumé : une courte introduction planante, deux morceaux très dynamiques plutôt rapides et électriques, un autre presque classique pour guitares, violoncelle, cordes et claviers, une chanson émouvante au final majestueux, et deux pièces pastorales pour guitares acoustiques. Et puis surtout deux suites de 20 et 15 minutes, respectivement !
L'équipe rassemblée sur cet album est fantastique, uniquement des grands musiciens. Iona semble une famille et on retrouve les compères actuels mais aussi d'ex-membres, plus d'autres invités. Citons Troy Donockley (flûtes diverses, Uilleann Pipes, voix), Nick Beggs (basse fretless et Stick), Tim Harries (basses), Frank van Essen (batterie, percussions et violon !), William Schofield (violoncelle), l'ensemble Peter Whitfield Strings, Peter Fairclough (gong et percussions diverses). Trois grandes voix : la chanteuse folk Mae McKenna (qui figurait entre autres sur "Harbour of tears" de Camel), la sublime Joanne Hogg et la non moins merveilleuse Rachel Jones de Karnataka ! Elles interviennent souvent sur les mêmes morceaux, formant un tapis d'harmonies éthérées sur de nombreuses sections, tandis que Mae McKenna chante deux "chansons" et Joanne Hogg une. Quant à Bainbridge lui-même, il assure guitares électriques, acoustiques, classique, bouzouki, mandoline, piano, synthétiseurs et programmations, harpes, effets sonores et percussions diverses !
Les instruments prédominants varient (guitares, piano, violoncelle, Uilleann Pipes, synthés), on passe de sections très calmes et planantes à des montées en puissance majestueuses ou à des cavalcades rapides, de moments mélancoliques ou solennels à des explosions jubilatoires, sans parler des parties plus typiques du genre celtique. Un morceau comme le rapide "the homeward race" composé à partir de la partie de batterie impressionnante de Frank Van Essen est presque jazz-rock !
La suite "the everlasting hills" à elle seule mériterait une chronique entière. Construite essentiellement sur un thème simple d'à peine 10 notes, elle se développe comme un poème symphonique, en 5 sections : long solo de guitare électrique lyrique sur fond de synthés, une sorte d'hymne chanté par Mae McKenna sur fond d'Uilleann Pipes et de synthés, section acoustique pour guitare acoustique et électrique, violoncelle, vocalises, orgue et percussions, pièce impressionniste pour piano solo légèrement jazz et enfin une section à la fois rock et celtique au rythme effréné qui se termine en apothéose triomphante avant un épilogue planant? J'emploie très rarement le mot "chef-d'?uvre", mais celui-ci en est un? Peut-être moins homogène, "star filled skies" (en 4 parties) passe également par toutes sortes d'atmosphères.
Ce qu'il y a de fabuleux avec Bainbridge, c'est que ce guitariste virtuose ne se sent pas obligé de le démontrer tout le temps, loin s'en faut? C'est aussi un maître du sustain et du vibrato lyrique ! Il maîtrise aussi bien les instruments électriques qu'acoustiques, avec une culture qui va du progressif (Genesis et Steve Hackett l'influencèrent sûrement) au jazz-rock, en passant par le classique, le folk, le blues. De plus, il est aussi un très bon pianiste ! N'oublions pas ses talents pour développer des timbres synthétiques originaux et splendides. La production de cet album est encore une fois admirable, le son pur, clair comme du cristal? Quel travail, surtout si on considère qu'il s'agit d'une réalisation totalement indépendante ! Essentiel.
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Note : 5/5
Marc Moingeon
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