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Amateurs de progressif sombre et torturé, ne passez pas à côté de ce disque du très déjanté groupe japonais Bi Kyo Ran. En effet, cette formation qui en 1995 nous avait proposé un premier album placé sous le signe de l'éclectisme (influences jazz, classique et contemporaine) nous revient aujourd'hui avec un disque plus homogène explorant la face la plus dynamique du groupe (d'où le titre !). Les 7 compositions de l'album sont empreintes d'une tension et d'une violence quasi-permanentes, ce qui nous renvoie directement à l'univers musical du Roi Cramoisi des années 73-74 (le groupe mérite bien dorénavant son surnom de King Crimson Nippon). Autre comparaison inévitable est celle avec les suédois d'Anekdoten: on pourrait en effet prétendre sans mal que "feet on the ground", le 2ème titre de l'album, soit en fait un "bonus-track" du fameux "Vemond" sans que personne ne s'aperçoive de rien, sauf bien sûr au moment où Kunio Suma, le leader guitariste du groupe vient pousser la chansonnette en japonais!
On retrouve donc dans "A violent music" la même tension fiévreuse, la même nervosité, les mêmes sonorités "sales" et saturées qui font le charme et la personnalité des oeuvres du combo Suédois, ainsi que (ô grande joie !) une très large utilisation de ce bon vieux mellotron. Mais faire de Bi Kyo Ran un clone d'Anekdoten serait très réducteur et pas vraiment justifié. Le groupe nippon conserve une personnalité bien à lui au niveau de l'approche mélodique, et côté technique, celui-ci fait preuve d'une virtuosité et d'une vitalité débordante (section rythmique à tomber par terre) qui le montre souvent bien plus aventureux que son homologue suédois. Voilà donc un disque qui ne peut passer inaperçu auprès des fans de progressif le plus expérimental et avant gardiste (ceux qui ont préféré dernièrement les nouveaux Deus Ex Machina, Boud Deun ou Thinking Plague aux nouveaux opus d'un Eloy ou d'un Ayreon). Mais ces deux approches sont-elles contradictoires. La preuve que non: chacun de ces disques a trouvé dignement sa place dans ma discothèque ! Et puis, cela peut s'avérer nocif à l'équilibre d'être un "intégriste de la complexité", je m'explique : après une écoute de ce "A violent music" dans son intégralité (ou en boucle pour les plus suicidaires), la lecture d'un CD davantage "récréatif" est conseillée, voir à prescrire !
Philippe Vallin
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