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Non, Hugh Jackman, l’égérie aux griffes en adamentium de l’ultime volet de la série X-Men ne surfe pas sur la vague du succès cinématographique du célèbre comics pour sortir un album de rock perso ! (ne riez pas, un certain Steven Seagal se "produira" à l’Olympia le 13 septembre prochain…). Point de cogneur transfuge de la toile donc, mais un groupe suédois dont je vous avais déjà dit tout le bien que j'en pensais dans ces mêmes colonnes à l’occasion de la sortie de leur second opus "Cold light of monday" en janvier 2004.
J’attendais donc avec impatience la suite, et la voici dans vos bacs à compter du 26 juin 2006. Au risque de me répéter, ou pour les flemmards rechignant à fouiller dans leurs archives poussiéreuses à la recherche du Koid’9 n°48, "Cold light" est un petit chef d’œuvre et un CD étonnant venant d’un groupe initialement versé dans le death metal. Puissant en même temps que mélodique et raffiné à souhait, Wolverine avait frappé très fort et nos nordiques étaient forcément attendus au tournant à l’occasion de la sortie de leur nouvelle galette.
Le naturel finit toujours par revenir au galop paraît-il. En l’occurrence, si le propos de Wolverine s’est indéniablement durci avec Still, je connais peu de formations "death" qui font une part aussi belle à la guitare classique (sur nombre de morceaux) lorsqu’elle n’est pas associée au xylophone (sur le doux et superbe "nothing more") ou au mellotron, même lorsque ce dernier sert à créer une ambiance dramatique comme dans "bleeding", le second titre du dernier opus des suédois.
L’autre particularité de Wolverine, déjà évoquée dans ma précédente chronique, tient aux capacités vocales hors pair de Stefan Zell, dont la contribution à une formation véritablement death metal eût confiné au gâchis, et qui, sur "taste of sand" par exemple, s’en donne à cœur joie, accompagné de son frère Mikael à la guitare rythmique. Amusant également le rythme binaire de "sleepy town" qui flirte avec la new wave et nous sert une mélodie accrocheuse.
Même si le morceau d’introduction "a house of plague" est assez rentre-dedans, il faut réellement attendre le 6e morceau, "liar on the mount" (Le menteur sur la montagne …), introduit par un discours martial de George W. himself, pour que nos cinq suédois nous montrent qu’ils en ont ! Et encore, en dépit des riffs hargneux de guitares qui tranchent avec les passages plutôt classisants des morceaux précédents, la mélodie et le sens harmonique reprennent vite leurs droits, Wolverine sachant jouer des passages calmes pour mieux mettre en exergue les épisodes plus agressifs, avec un final en apothéose sur un ironique "Good night and God bless America" du même orateur !
En fait, plus on écoute Still, moins il semble dur, preuve qu’il s’agit d’une œuvre bien née conçue autour et pour servir une recherche mélodique constante. A l’origine de ce nouveau "matériel", un staff qui a un peu évolué depuis 2004, puisque si Thomas Janson à la basse constitue toujours l’ossature du groupe aux côtés des deux musiciens cités plus haut, c’est à présent Marcus Losbjet qui officie derrière les fûts et Per Henrikson aux claviers.
Après m’être passé à cinq ou six reprises Still, je peux affirmer qu’il s’agit d’un excellent album, néanmoins un ton en dessous de "Cold light" dont l’homogénéité des morceaux et l’intelligence du concept confinent au génie. Par comparaison, les différents morceaux de Still semble moins en osmose les uns avec les autres, deux ou trois des 9 plages étant par ailleurs assez similaires dans leur construction. Tout est relatif donc. Nous retiendrons surtout qu’avec son nouveau porte-étendard "Still", Wolverine confirme son statut de groupe inventif et talentueux ; indéniablement une formation que tous les amateurs de prog un tant soit peu "couillu" seraient avisés de découvrir en urgence.
Serge Llorente
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