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Quel compositeur n'a pas rêvé entendre sa musique interprétée par un grand orchestre ?
Seulement voilà, pour le public, il faut bien avouer que cela freine quelque peu l'envie d'acheter, le mariage rock/musique classique n'étant que sur de très rares occasions une réussite. En fait à part The Beatles, Procol Harum & Yes, je ne vois pas grand chose d'excitant.
Un exercice qui révèle surtout un manque de cohésion, chaque section jouant à son tour, dans un manque total de conviction. Le rôle le plus ingrat revenant au batteur qui de manière générale frappe sans aucune énergie, laissant au passage tous ses roulements en coulisse.
He bien ! Rassurez vous, ici il n'en est rien. Au signal du chef d'orchestre, ça part au contraire sur les chapeaux de roues, sur une partition des plus ardues de batterie et plusieurs percussionistes (un batteur vétu d'ailleurs d'un bon "marcel tous muscles dehors"). Puis sous une pluie d'applaudissements Steve Vai entre sur scène, salue... et c'est le coup de génie, il demande à chaque section musicale de répéter une phrase qu'il interprète. Tour à tour, les violons, les cuivres, les trompettes, toutes les percussions batterie et xylophone inclus ainsi que le public qui est aussi sollicité pour participer et créer un énorme magma sonore.
Eblouissante introduction qui n'est pas sans me rappeller "the grand wazoo" du regretté Franck Zappa dont l'histoire était un combat imaginaire entre une section de cuivres et de guitares.
Plus d'une heure trente de musique instrumentale forte en émotion, sans aucune parlotte entre les morceaux, mais quelques petites mimiques quand même de Vai. Pour être précis, une seule fois le chef d'orchestre donnera le départ en annonçant... "hé Zap" comme sur l'album "Passion & warfare".
Evidement Steve Vai joue avec un niveau sonore important, créant même de magnifiques larsens. Un simple petit coup sur le corps de sa "JEM 7 signature" et un son surgit librement. Bardé de tout son arsenal d'harmoniseurs Eventide et de pédale Whammy, les sons distos sont superbement tranchants. Par contre je trouve que ses sons clairs manquent de rondeur et sont bien moins chaleureux.
L'option du son bien mat de la caisse claire est un bon choix, ça sonne bien avec l'ensemble classique sans trop la détacher du reste.
Le choix des morceaux est judicieux, mais il est vrai que certains titres à priori bien rock comme "answers" ou "the attitude song" pourvus d'un nouvel arrangement trouvent tout à fait leur place ici. L'homme aux 6 cordes magiques a vraiment bien retranscrit et ré-arrangé sa musique pour un orchestre, "for the love of God" avec sa nouvelle intro le démontre bien. Steve Vai n'a pas hésité à faire intervenir très souvent les percussions dans ses compositions, ce qui donne d'ailleurs dans l'exaltation une peau de timbale percée... et Vai qui de ce fait se marre !
Après l'énorme DVD "Live at Astoria", ce "Visual sound theories" sorti également au format 2 CD constitue un véritable pas en avant dans la carrière de ce grand musicien. Assurément il y a fort à parier que Franck Zappa aurait été très fier de son parcours.
Jo Drogo
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