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Le second CD du groupe allemand AtmOsfear (le "O" est toujours écrit en majuscule) est l'un des tout premiers sortis par le label américain ProgRock Records et j'avais, à l'époque, été étonné par la qualité de la production de ce groupe allemand, que ce soit en matière de son et de savoir-faire technique, ou au niveau de la qualité des compositions. Des caractéristiques qui reviennent souvent chez nos voisins outre-Rhin.
Mais quand on sait que le groupe existe depuis 1996 et donne des concerts le plus possible, on comprend que les 5 membres aient pu enregistrer un album aussi long et aussi bien produit en seulement un peu plus d'un mois !
Musicalement, on est en terrain métallique, mélodique et puissant, avec des ambiances plutôt sombres et mélancoliques, ou tout simplement mystérieuses. On pourrait ainsi rapprocher le groupe de Ricochet et Poverty's No Crime, mais AtmOsfear possède sa propre personnalité, avec de la substance, un sens mélodique certain, un côté dramatique occasionnel mais pas omniprésent.
L'album ne compte que 6 morceaux de la courte intro de 1:11 à près de 24 minutes pour la grande suite finale "spiral of pain", complétée par une magnifique ballade symphonique cachée. Les quatre autres titres font plutôt de 8 à 13 minutes, ce qui fait de "Zenith" un CD assez long. En fait sur 71 minutes, les musiciens d'AtmOsfear arrivent assez bien à maintenir l'attention grâce à leur sens de la dynamique et du contraste, en mélangeant les tempos hachés et pesants avec des sections lentes et souvent planantes, empreintes d'une mélancolie particulière. Et il y a le plus souvent un thème ou un refrain très fort dans chaque morceau. Bien sûr, il s'agit d'une musique qui demande une certaine attention, sous peine de ne pas être appréciée à sa juste valeur.
Le chanteur Stephan Wulff possède une voix puissance et polymorphe. Son timbre est plutôt medium mais ce dernier sait aussi monter dans les aigus avec de la retenue, et révèle une belle résonance naturelle, augmentée par une réverb' plus ou moins généreuse. Wulff s'essaie aussi sur deux morceaux à quelques vocaux plus gutturaux et plus agressifs sans toutefois aller jusqu'au chant typé death-metal. On se serait quand même bien passés de ces quelques courts passages où il ne semble d'ailleurs pas dans son élément. Une petite section de "scum of society" (12:54) est presque rap aussi? Et enfin, Wulff devrait éviter les quelques passages où son chant devient un peu nasillard et trop dramatique, mais il reste globalement un bon chanteur.
Les guitares de Boris Stepanow sont souvent lourdes et mêmes plombées, avec un son incisif, des riffs parfois hachés, mais variés et rarement répétés à l'extrême comme c'est trop souvent le cas dans le genre. Ses solos bien construits sont assez variés et peu envahissants. La section rythmique composée de Buckhart Heberle et du nouveau batteur Tim Schnabel est importante mais pas prépondérante, elle joue plus qu'un simple rôle d'accompagnement cependant, sans tomber dans la démonstration.
Côté claviers, AtmOsfear évite le piège des sonorités archi-usitées et au contraire, Stephan Kruse multiplie les textures originales, futuristes, étranges, atmosphériques (sans mauvais jeu de mots !) ou plus organiques (le piano, tout simple, sonne de manière vraiment acoustique, l'orgue Hammond au son épais et saturé est criant de réalisme). Comme Stepanow, Kruse offre quelques beaux solos mais la virtuosité n'est pas son intérêt premier et ce sont surtout ses arrangements riches et variés qui sont l'atout du groupe, lequel s'est d'ailleurs aussi payé le luxe de quelques arrangements orchestraux.
"Zenith" démontre une certaine évolution de la part d'AtmOsfear, et dans le bon sens avec une production plus chaleureuse et plus profonde, un sens mélodique plus aiguisé, mises à part les quelques parties vocales plus agressives. Les Teutons confirment leur talent pour développer des atmosphères envoûtantes et plus ou moins inhabituelles. Un groupe définitivement au-dessus du lot en matière de métal progressif, que les amateurs du genre doivent à tout prix découvrir.
Marc Moingeon
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