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3ème album toujours autoproduit pour TK qui nous offre là avec six morceaux pour 66 minutes son meilleur ouvrage.
La première plage "the picture slave" après son intro "ethno-ozric" au rythme très jazz-rock et une basse très "Squire", on retrouve le côté complexe mais mélodique de TK. La surprise vient de la voix, qui est désormais féminine en la personne de Amy Dardy en remplacement de Simon Boys.
Le second, "de profundis" et ses 12’35mn a encore un côté jazz-rock à la Uzeb voire à ce qui n’est pas "zeuhl" chez Magma.
Si il y a quelques sonorités de flûte ou de hautbois, celles-ci sont jouées au clavier car Paul Beecham, bassiste sur "Head" (le premier album), ensuite cantonné au rôle de flûtiste sur "Argot", a été évincé du projet.
La marque de fabrique de TK ce sont ses fréquents dialogues guitare-claviers (ou piano) et quelques gimmicks, quelques figures basse/claviers qu’ils partagent avec Spock’s Beard, et des sonorités parfois 70’s autour d’une guitare toujours savamment diserte.
Sur "cardinal red", la voix féminine médium grave entre en interaction avec la musique, tout comme celle de Christian Vander, plus que réellement comme un chant. Représentatif de ce qu’est la musique de TK, ce morceau m’amène à ce parallèle ; il y a un sous genre en littérature de science-fiction que l’on appelle le "hard-science" et dont la particularité est d’abreuver le lecteur de termes pseudo-technico-scientifiques pour faire croire à la véracité du récit. Si l’on applique cette étiquette à une majorité de groupes U.S. et à ceux appartenant au label Cunéiform en particulier, TK réussit là où tous ceux-là deviennent ennuyeux ; c’est complexe oui, riche oui, mais pas on fait plein de breaks et on vous en met plein les yeux !
Après les 5 minutes intimistes et acoustiques de "spiral bound", c’est le Morceau : "chovihanirise" et ses 23’50 mn. A la différence des deux albums précédents, ici la musique respire plus qu’à l’accoutumée, moins chargée en fioritures, TK va à l’essentiel même si les constructions sont recherchées et les breaks présents à bon escient.
Cette composition dans sa première partie me fait penser, à cause de ce toujours présent piano "diabolique", à un Universal Totem Orchestra en moins sombre et plus chaud grâce à une Amy Dardy qui laisse transparaître des intonations à la Stevie Nicks.
La seconde moitié très jazz-rock (piano) permet à Phil Mercy et à sa guitare parfois "Holdsworth" d’élaborer un morceau qui pourrait être un bel échantillon de ce qu’est le progressif, qui plus est, sans grande référence aux illustres anciens si ce n’est, peut-être, à un Gentle Giant dans l’esprit.
La seule réserve que j’émettrai est, peut-être, sur le sixième et dernier morceau, "surface tension". Même si on retrouve, comme sur "De profundis", les mêmes particularismes que chez Spock's Beard, qui feront trouver en Thieves’ Kitchen plus qu’un succédané à tous ceux qui, comme moi, ont été déçus par "Feel euphoria", ce morceau privilégie la technique à la mélodie malgré l’ultra présence de l’orgue Hammond. Ses 13'15 mn le tirent par trop en longueur, même si on a le plaisir d’avoir l’impression de retrouver l’esprit de "Day for night" du vulcain barbu.
Malgré tout, Thieves’ Kitchen a progressé, notamment dans la mise en place de ses nombreuses séquences alternées calmes et saccadées pour une musique de plus en plus jouissive.
Amateur de TK foncez sans hésiter, quant aux autres il serait temps de vous intéresser à ce groupe confirmé et singulier.
Bruno Cassan
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