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Stratovarius : Elements Part 1 (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°45)

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Bon, il faut faire court !! Alors, allons-y le plus vite possible : "Elements–part 1" est certainement le meilleure production de Stratovarius à ce jour ! Tout dépend évidemment de ce que vous aimez dans le métal… Si vous trouviez que Stratovarius faisait trop de morceaux simples et de boulets archi-speed avec des thèmes certes mélodiques mais parfois un peu faciles… oubliez ça… Facile et monotone, cet album ne l’est assurément pas. Bien sûr il y a deux (oui, pas plus) morceaux TRES rapides avec la double-grosse caisse de Jörg Michael à fond : "find your own voice" (qui s'ouvre quand même avec une belle orchestration de synthés) et le long "learning to fly" (avec des soli de synthés incroyables de Jens Johansson). De ce côté, un air déjà connu, d'accord. Pareil avec l'excellent "eagleheart" en ouverture, qui est pourtant un "tube" potentiel de moins de 4 minutes, avec une excellente mélodie vocale, un refrain en forme d'hymne, le tout sur un tempo loin d'être lent mais pas excessif. Quant au reste… c'est bien différent. Oh, bien sûr, le groupe ne joue pas lentement en permanence et ne laisse pas tomber son côté heavy metal (au contraire) … mais ce n'est pas ça le plus important. Les thèmes sont tous très bons, mémorisables, grandioses, majesteux ou au contraire plus légers… et surtout très symphoniques. Et pour cause, Stratovarius bénéficie de l'apport d'un orchestre classique et d'une chorale sur la plupart des morceaux ! Et ça en jette !

En 68 minutes, pour 8 titres, plus une version en français faite spécialement pour nous (sympa !) , le groupe Finlandais, toujours dirigé par Tolkki (il signe toutes les musiques) étonne et choque l'auditeur à travers des compositions de grande envergure.

Le deuxième titre "soul of the vagabond" donne le ton : rythme lent et très lourd, guitares au son plombé en ouverture, orchestre symphonique orientalisant et choeur classique qui rappelle le "carmina burana" de Carl Orff. C'est d'ailleurs un style qu'on retrouvera ailleurs sur l'album. Timo Kotipelto est un peu dépassé par cette orchestration grandiose et son chant haut perché à-la-Geoff-Tate gagnerait à être mis davantage en avant… Par contre la batterie de Jörg Michael, toujours semblable à une boîte à rythme humaine, est assez en avant… Pendant plus de 7 minutes, "soul of the vagabond" tonne comme une gigantesque armée en marche vers on ne sait quelle bataille surnaturelle. Avec un solo de guitare magnifique et déchirant de Timo Tolkki, toujours influencé par Yngwie Malmsteen mais plus économe de ses notes (c'est un compliment…) le morceau est d'ores et déjà l'un des tous meilleurs qu'ait jamais composé le guitariste Finlandais.

Autre pavé impressionnant : le tragique et mélancolique "elements", qui s'étale sur plus de 12 minutes, toujours marqué par un certain style classique, avec de nombreuses sections et encore ces voix de basse grandiloquentes qui scandent les noms des quatre éléments et des quatres émotions qui leur sont associées : Peur, Colère, Tristesse et Joie. Une idée originale de Tolkki, dont les textes introspectifs méritent vraiment que l'on s'y attarde, soit-dit en passant… Voici un métal progressif et symphonique de très grande envergure, très éloigné de Rhapsody pour ne citer qu'eux, plus sombre et plus passionné. Les parties calmes permettent d'apprécier la voix magnifique de Kotipelto – qui devrait d'ailleurs moins forcer dans les aigus sur les refrains et les morceaux rapides. Les synthés de Johansson apportent une touche orchestrale supplémentaire àcôté des instruments acoustiques…

L'autre clou de l'album est certainement "fantasia" encore un morceau de près de 10 minutes, un kaléidoscope de thèmes, de sons et de rythmes, probablement le titre le plus ambitieux et le plus beau du groupe. S'il garde ici et là des éléments heavy, celui-ci n'en contient pas moins une orchestration somptueuse, un thème principal en forme d'hymne lent et une partie centrale très pastorale avec accordéon (oui !) et orchestre.. une pièce splendide de bout en bout inspirée par le célèbre film fantastique allemand "l'histoire sans fin".

Et puis il y a aussi deux ballades. Tout d'abord le magnifique "papillon" (qui sera repris en français), avec clavecin et voix d'enfant de chœur sur fond d'orchestre en introduction.. encore un morceau à l'atmosphère tragique, dont le refrain est aussi puissant que déchirant… c'est ce titre qui sera repris en français à la fin de l'album.

Et puis la planerie acoustique "a drop in the ocean" qui conclut le véritable album est elle-aussi absolument magnifique et intimiste.

Mélodiquement parlant, de même que sur le plan de la diversité et de l'ambition musicale, Stratovarius et Timo Tolkki viennent de nous sortir un disque majeur du métal, qui augure du meilleur pour le second volet à paraître dans un an si tout va bien.

Existe en édition spéciale sous forme de coffret carton avec le single "eagleheart" et un inédit, plus des autocollants.

Marc Moingeon




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