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Bon… voilà le successeur de « Snow »…. voilà, voilà… sans Neal Morse, hein…. voilà voilà… bon, et bien voilà… la pochette est sympa… voilà voilà… et les p’tits gars font du bon boulot aussi… voilà, voilà…
Non sérieusement. Autant vous le dire tout de suite : n’espérez pas, avec ce "Feel euphoria" accéder au même niveau d’émotion qu’avec un "Snow" ou un "V". C’est clair. Mais c’est aussi à peu près tout ce qu’on peut reprocher à cet album, car enfin, son seul tort est d’avoir été réalisé par un Spock’s Beard amputé de son mentor. Se serait-il agi d’un premier disque d’une obscure formation issue du fin fond du Kansas, que tout le monde aurait applaudi des deux mains. Seulement voilà, cet opus est signé Spock’s Beard, et on en attendait plus et mieux.
A contrario, on peut aussi se dire que le gars D’Virgilio et ses potes ne se débrouillent pas si mal sans leur gourou, ce qui n’est pas faux dans l’absolu.
Vous l’aurez compris, ce Spock’s Beard est en demi-teinte, ni excellent, ni franchement mauvais. Comme le dit lui-même Nick D’Virgilio (NDV) d’ailleurs, le groupe avait besoin quelque part d’exorciser le départ de Neal, qui en novembre 2002 souffrait d’une crise de foi subite et extrêmement handicapante, en se prouvant qu’il pouvait exister sans son leader, et de ce point de vue la réussite est au rendez-vous.
Oublions cette plage d’introduction "onomatopoeia", qui comme son nom porte à le penser est plutôt énergique, mais par trop clinquante et brouillon pour être vraiment plaisante. Même appréciation pour le morceau titre, "feel euphoria". "The bottom line", en revanche, est plus construit, depuis le riff de guitare introductif jusqu’au jeu de batterie de NDV en passant par la montée en puissance initiale, les synthés appuyés de Ryo Okumoto. Réminiscent des Spock’s Beard de l’époque Morse, ce "the bottom line". "East of eden, west of Memphis" est un peu dans la même veine, tandis que "shining star" est plus pop, très dans le style ballade américaine. On visualise bien le beau cow-boy en train de larguer une blonde platinée chialant comme une madeleine pour aller affronter les grands espaces de l’ouest. Toujours dans le style ballade, mais moins typée, voici "ghosts of autumn". Curieusement, "carry on" clôture l’album, après la suite ; du coup on lui accorde moins d’attention, et c’est bien dommage car il fait partie de ceux qui la mériteraient.
Venons en à cette fameuse suite "a guy named sid"… bel effort, c’est sûr. Mais point ici de mélodie accrocheuse comme dans "the great nothing" par exemple. J’irais même jusqu’à dire que si certains passages font preuve d’un certain intérêt musical, l’ensemble manque singulièrement de cohésion. On se demande bien pourquoi ce morceau s’étire sur plus de 20 minutes. Ou plutôt, ça crève les yeux : NDV et ses acolytes voulaient se prouver qu’ils étaient capables de l’écrire. Bon, vous y êtes parvenus, les gars. C’est bien, vous avez marqué l’essai. Mais quand est-ce que vous le transformez ?
Un Spock’s Beard en demi-teinte donc, qui à mon humble avis aurait gagné à subir une maturation un peu plus longue dans les esprits de ses géniteurs, NDV en tête. Car enfin, personne ne leur demandait de sortir un opus moins d’un an après "Snow". Personne n’aurait râlé s’il avait fallu attendre quelques mois de plus, pour un résultat plus fouillé, plus abouti et plus agréable.
Peut mieux faire. Espérons-le, en tout cas.
Benoît Herr
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