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Le nouvel album de la "locomotive prog" des eighties vient de sortir et encore une fois l'enthousiasme à l'écoute de celui-ci ne fait pas dans la demi-mesure
Suite logique et prévisible du disque précédent ("The kindness of strangers", dont il garde les qualités tout en éliminant les quelques défauts), "Day for night" poursuit dans la même veine musicale, à savoir dans une oeuvre alternant titres longs, puissants, symphoniques et ambitieux à souhait et morceaux plus courts, concis, carrés et directs. On y retrouve tout ce qui fait le charme et la force de Spock's Beard, à savoir un professionnalisme ahurissant (on fait difficilement mieux dans le genre !), un sens mélodique évident, une technique millimétrée et enfin un style ô combien personnel malgré les diverses influences du groupe qui ne datent pas d'hier (à mon sens l'alchimie la plus intelligente qui soit dans l'univers progressif actuel). Voilà bien qui fait état des qualités auxquelles je faisais allusion un peu plus haut, en rajoutant la cerise sur le gâteau que constitue la production étincelante de ce nouvel opus (le son est très supérieur à celui du disque précédent). Pour en finir avec les comparaisons j'ajouterai que la démarche consensuelle de ce "Day for night" est mieux assumée qu'aux travers des deux opus précédents (Ca coule tout seul, sans jamais éprouver l'envie de faire la grimace!). Le contenu de l'album présente donc toutes les facettes du "savoir-faire Spock's Beard". Je commencerai par citer les titres courts calibrés pop avec "skin" et son refrain racoleur ou "can't get it wrong" qui constitue de part son thème mélodique les 4 minutes les plus sucrées de l'album.
Un cran au dessus, on trouvera au travers "the distance to the sun" le petit frère de "June", a savoir une très jolie ballade acoustique qui monte progressivement en apothéose (Choeurs à vous refiler le frisson, c'est beau à pleurer!).
Dans la série des morceaux "cartons", ça commence très fort dès l'ouverture du disque avec un "day for night" faisant figure de "hit-single prog" avec son intro rentre-dedans, sa ligne de basse imparable et son refrain accrocheur typiquement ricain (On notera en prime une partie centrale de guitare acoustique digne de figurer dans "the doorway", Superbe !). Si on poursuit du côté des allusions, on trouvera dans "gibberish" le croisement parfait entre "thoughts" (travail des voix façon grand Queen, ici grand Yes!) et "in the mouth of madness" (Approche rythmique et breaks quasi-identiques). "Crack in the big sky" contient quant à lui un concentré du meilleur Spock's Beard: mélodie simple et accessible dans un titre au multiples rebondissements, avec passages carrément jazz-rock et délires sonores à tout va (coordination des musiciens à donner le vertige !). Sans parler du travail de Mr Ryo Okumoto qui en met plein les mirettes à coup de débauche de claviers sans jamais fatiguer l'auditeur (le bonhomme est omniprésent du début à la fin du disque!). Pour ce dernier titre, c'est une petite perle qu'on retrouvera à coup sûr dans la set-list de la prochaine tournée du groupe! "The gipsy" poursuit dans la même voie, en plus agressif toutefois, évoquant dans sa première partie le Faith No More d"'Angel dust". Bon, et puis voilà le meilleur pour la fin, je citerai "the healing colors of sound", longue suite de 22 minutes découpées en 6 parties constituant une fresque musicale de très haute volée, très différente de "the light" dans sa conception, mais tout aussi jouissive, épique et intense (avec un style et un jeu plus "brut", plus proche de l'esprit "The kindness..." que des fastes du 1er album).
Pour les chanceux (je devrai dire les plus pressés d'entre-nous) qui se seraient jetés sur l'objet dès sa sortie, ceux-ci auront eu droit en conclusion à un titre bonus ("hurt", qui évoque fortement le son hard de Deep Purple: période "Perfect machine") et en prime un packaging cartonné de toute beauté.
Vous voilà donc prévenus, cet album est un cocktail explosif du meilleur Spock's Beard qui devrait faire fondre les progsters des moins difficiles aux plus endurcis, et gagner je l'espère les faveurs d'un plus large public (les amateurs de rock tout court!). Avec un tel groupe, j'avoue avoir beaucoup de mal à être objectif, la musique de Spock's Beard constituant pour moi le big panard rock absolu depuis perpette! Considérez donc d'abord cette chronique comme un besoin profond de faire partager une passion pour un très grand groupe.
Le rendez-vous est donné avec les Morse Brothers, Messieurs Okumoto, D'Virgilio et Meros pour plus de deux heures de trip authentiquement prog et de réelle communion live (Ces mecs là prennent un sacré plaisir à jouer pour nous et je sais de quoi je parle!), sur les scènes françaises (on croise les doigts!) et cela dès le 25 septembre prochain, une fois n'est pas coutume grâce à notre ami Christian Aupetit et l'association "Prog' La Vie".
Philippe Vallin
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