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WORLDS APART... Que voilà 2 mots magiques qui me renvoient bien loin, au temps de ma jeunesse et de mes premiers émois musicaux, à ces vendredi soirs où de 23 heures à minuit, je prenais mon pain hebdomadaire de hard-rock sur RTL Grandes Ondes grâce à Francis Zégut... "Lussa, bande de p'tits graisseux et bande de p'tites graisseuses, c'est WRTL Wango Tango...". C'est à Tonton Zézé que je dois d'avoir découvert un soir de 1982 un combo canadien totalement inconnu chez nous mais apparemment déjà célèbre outre-Rhin. Nul doute qu'il est d'ailleurs pour beaucoup dans la reconnaissance de Saga dans nos contrées. Les canadiens venaient de sortir leur 1er album live, "In transit", enregistré en Allemagne lors de la tournée de leur 4è album studio, "Worlds apart", étiqueté alors hard-rock progressif.
Mon Saga à moi est là, dans ces 2 albums, parfaits d'un bout à l'autre. Au moment de partir sur cette fameuse île déserte, je ne sais toujours pas lequel des 2 je prendrais ...
Toutefois, relativisons le dilemme car évidemment sur l'île déserte, sans électricité, l'utilité d'y emmener des cds ou des 33 tours est tout à fait relative, convenons-en !
Précisions qu'après l'album suivant ("Heads or tales"), les choses vont sérieusement se gâter et du coup participer à mon éloignement du groupe, n'y revenant qu'épisodiquement pour des albums mi-figue mi-raisin ("Generation 13") ou carrément calamiteux ("Pleasure and the pain"). Depuis, malgré des chroniques souvent flatteuses, leurs derniers albums ne m'ont pas plus bouleversée que ça. La faute à la nostalgie, j'en ai bien conscience. Nul doute que si je découvrais Saga aujourd'hui avec "Marathon", "Trust" ou "Full circle" je les préfèrerais aux anciens. Cette longue introduction s'adresse donc aux fans récents du groupe afin qu'ils comprennent bien l'impact que ces 2 mots peuvent avoir sur nous autres, les anciens, dès qu'ils apparaissent sur une couverture de CD ou de DVD.
REVISITED ... kesako ? On s'attend à un coup à la "Phase one" sorti en 1998 qui regroupait des inédits (excellents) non retenus pour l'album "Images of twilight" en 1979 : on nous aurait caché l'intégralité du concept "Worlds apart" ? D'autant que la pochette est un mix des 2 versions connues de l'album d'origine...
En réalité, pas du tout. Tuons le suspense, cet album n'est finalement qu'un live, enregistré au Z7 de Pratteln le 8 décembre 2005, concert au cours duquel, en plein milieu, le groupe s'attaque à l'intégralité de cet album mythique. La restitution est parfaite et fidèle... voire un peu trop. En effet, le nouveau batteur Brian Doerner (ex-Helix, chouette groupe de hard'n'roll dont je vous recommande les albums "No rest for the wicked" et "Walkin' the razor's edge") aurait pu s'abstenir de nous ressortir les toms électroniques que j'espérais bien enfouis dans les décombres des années 80 ! La guitare de Ian Crichton est quand même nettement plus heavy, voire même brouillonne il faut bien l'avouer quand il "vanhalene" un peu trop, par contre les claviers de Jim Gilmour sont assez conformes au souvenir que j'ai de l'époque. Et que dire de Michael Sadler : voix toujours intacte 25 ans plus tard et homme à tout faire : souvent aux claviers et parfois à la basse. Basse assurée au métronome par Jim Crichton quand il n'est pas lui aussi aux claviers pour remplacer Jim Gilmour descendu sur le devant de la scène chanter "No regrets" et jouer de la clarinette. Bref, un groupe multi facette comme l'était en son temps le grand Blue Oyster Cult. Le public aime ça et chante à tue-tête.
Et c'est tout ? Non, tout le reste du concert entoure "Worlds apart". Soit environ 2 heures, à 5 minutes près, qui font la part belle aux premières années. 4 titres du 1er album, dont le plutôt rare (en tout cas pour moi) "give 'em the money", 2 du 2è ("Images at twilight") dont le aussi rare "see them smile", 2 également de "Silent knight" et de "Heads or tales", soit en tout 19 morceaux rescapés des années dorées (1977-1983) auxquels il faut rajouter "we've been here before" exhumé de "Wildest dreams" (1987) et dont je ne me souvenais même plus, ce qui représente en tout 90% du concert. Un best of de toute l'époque qui a fait ce que Saga est aujourd'hui en somme et dont pas mal de titres ("on the loose", "wind him up", "you're not alone", "careful where you step", "humble stance", "don't be late", "scratching the surface" par Gilmour seul au piano... etc...) constituent encore l'ossature de leurs shows.
Alors autant dire que ce DVD s'adresse aux nostalgiques qui, comme moi, n'ont jamais vu le groupe sur scène (pas même dans les années 90, suite à une fumeuse annulation de dernière minute à l'Elysée Montmartre... grrrr !) ou aux fans de dernière heure qui ne connaissent pas trop ce vieux répertoire... euh... ce qui fait qu'en fait, il contentera tout le monde, en gros !
Les 2 derniers titres dont je ne vous ai pas encore parlés sont "the runaway" de "House of cards" (2001) et "keep it reel" seul aperçu de l'album studio en cours au moment du concert ("Network").
On peut d'ailleurs s'étonner que ce DVD ne sorte qu'aujourd'hui. Contretemps ou gardé précieusement jusqu'en 2007 pour célébrer les 30 ans du groupe ? En tout cas, l'objet est beau... et riche. Le DVD 2 est entièrement consacré aux bonus : 16 minutes d'interview, non sous-titrées, sur les souvenirs et anecdotes de l'enregistrement de l'album en 1981, un documentaire de 40 minutes datant de l'époque avec pas mal d'extraits de concert et un diaporama sur le lieu de l'enregistrement en Angleterre. Et puis, un concert de 25 minutes, toujours en Angleterre, avec un son pas terrible mais malgré tout honnête où Sadler est méconnaissable avec sa moustache ridicule à la Martin Circus !
Bref, cette chronique est déjà bien assez longue, pas la peine d'en rajouter, vous l'avez compris, je conseille fortement l'acquisition de cette "revisitation", d'autant que d'après les dernières rumeurs, c'est peut-être le dernier document de Saga avec Michael Sadler. Et pour le format, vous avez l'embarras du choix : le grand jeu avec le pack luxueux 2DVD/2CD ou seulement les 2 DVD ou bien encore seulement les 2CD. Et pourquoi pas la clé USB, la carte SIM, le forfait 50 heures ou la boîte de gélules...
Laure Dofzering
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