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Cela faisait cinq ans que Klaus n'était pas remonté sur les planches devant son public. C'est pourquoi en ce 18 juillet 2008, sa satisfaction de se retrouver face aux quelques deux-mille personnes présentes sur le rocher de la Loreley était palpable.
Intitulé "Rheingold" ("L'or du Rhin"), l'objet est aussi le premier DVD jamais proposé par l'artiste et une référence très claire à l'univers de Richard Wagner. Les cinq plages composant le concert, c'est-à-dire l'intégralité du DVD 1, ont pour nom "Alberich" (nain chargé de veiller sur le trésor des Nibelungen), "Loreley" (nom du site en lui-même mais aussi de la sirène qui se tenait assise sur le rocher et charmait les pêcheurs avec son chant), "Wotan" (qu'on ne présente plus : roi des dieux germaniques et dieu de la guerre), "Wellgunde" (Wellgunde, Woglinde et Flosshilde sont les trois nymphes du Rhin, dans l'opéra "L'or du Rhin" de Richard Wagner) et "Nothung" (nom de l'épée brisée par la lance de Wotan dans "La Walkyrie" : elle figure sur la couverture du DVD). Lisa Gerrard intervient sur les morceaux "Loreley" et "Wellgunde", avec son inimitable glossolalie, aussi improvisée que la musique de Klaus.
Car la beauté de l'?uvre de Klaus Schulze, c'est que tout ou presque est improvisé. Ce concert n'échappe pas à la règle. Il est filmé brut de fonderie et dans son intégralité, y compris les interventions orales de l'artiste. Klaus et Tom Dams, son ingénieur du son, ont réalisé le mixage 5.1 du DVD aux Real World Studios de Peter Gabriel, mais le son demeure pur et brut. Il est fidèle à celui de la soirée et retranscrit bien cette communion entre Klaus et son public. Le bonheur de se retrouver est aussi évident d'un côté que de l'autre.
Ambiances visuelles très dans les tons de bleu. Cinq caméras et quelques plans, notamment rapprochés, très purs et particulièrement nets. On observe bien le travail de l'artiste sur ses claviers, notamment analogiques. "Alberich" démarre doucement et se développe à partir de quelques bruitages puis quelques nappes. Il se termine sur cette erreur du public, qui applaudit car il pense le morceau terminé. Klaus explique alors qu'il ne voulait pas du tout arrêter de jouer mais entamait juste un passage plus doux. Tant pis : il attaque alors "Loreley", sur lequel Lisa Gerrard entre en scène, diaphane, fragile, frêle, gracieuse, majestueuse et enchanteresse dans sa magnifique robe de soie bleu électrique à liseré blanc scintillant, contrastant avec le très quelconque costume beige de Klaus. Côté voix c'est la beauté et la pureté à l'état brut. Le public est aux anges.
Fin du set. Déjà ? Le public en redemande bien sûr. Klaus lui propose alors de choisir entre une séquence de synthétiseurs supplémentaire et un autre morceau en duo avec Lisa. Évidente, la réponse tombe : "Les deux". Klaus proteste mollement puis cède. C'est d'abord "Wotan", morceau assez animé, puis le retour de Lisa sur "Wellgunde", qu'elle démarre pendant un long moment seule et a capella. Après 95 minutes de concert il n'est pas loin de l'heure du couvre-feu : une heure. Mais Klaus n'arrive pas à quitter son public ? et inversement. Il revient encore, pour nous servir en l'enrichissant et en la développant l'une des nombreuses séquences que recèlent les entrailles de ses improbables appareils.
Conclusion magnifique du concert. Ce DVD peut d'ores et déjà être qualifié de document historique.
Le second DVD contient un documentaire intitulé "The real world of Klaus Schulze", mêlant des images tournées à la Loreley, aux Real World Studio, à Hambühren et ailleurs. Il se complète d'une interview de plus d'une heure réalisée par un fan aussi inattendu qu'expert : Steven Wilson, le leader du groupe Porcupine Tree. Intéressant à tous points de vue et édifiant tant l'étendue de la culture musicale et la capacité d'analyse de Steven Wilson sont extraordinaires.
Benoît Herr
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