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Uli Jon Roth : Under A Dark Sky (2008 - cd - parue dans le Koid9 n°67)

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"Under a dark sky", premier album chanté d'Uli Jon Roth depuis bien longtemps, est une œuvre de rock symphonique et progressif qui prolonge en quelque sorte la fusion inédite que l'on trouvait sur les albums "Beyond the astral skies" (1984) et "Prologue to the symphonic legends" (lequel était sorti sous le nom Sky of Avalon). Uli travaille encore ici – sur la plupart des morceaux – avec le Sky Orchestra déjà présent sur "Metamorphosis (of Vivaldi's four seasons)". Il assure quant à lui toutes les guitares, la basse et les claviers. Il a eu aussi la bonne idée de recruter deux chanteurs de grande classe (que l'on retrouve à plusieurs reprises en duo) : Mark Boals (ex-Yngwie Malmsteen, Ring of Fire, Royal Hunt, etc.) et Liz Vandall (qui a déjà chanté plusieurs fois pour lui en concert), sans parler de deux chanteurs d'opéra (un ténor et une soprano) ! Uli a ajouté ses propres parties vocales sur deux titres (il est en progrès à ce niveau, d'ailleurs), soutenu par les autres chanteurs. On remarque également une petite contribution de Michael Flexig sur un titre et tout un chœur classique intervient sur plusieurs morceaux, dont l'énorme suite finale, "tanz in die dämmerung".

L'album de plus d'une heure est particulièrement ambitieux, basé le thème du crépuscule éventuel de l'Humanité. Il est constitué de dix morceaux raccordés les uns aux autres, avec bruitages et effets sonores. Le premier morceau chanté, après les deux premières pièces instrumentales très symphoniques, romantiques et dramatiques, est un triptyque de 11 minutes, alternant passages rock et plus calmes, dans une fusion vraiment originale ("land of dawn"). Cela va continuer sur la plupart des autres morceaux, incluant quelques très belles parties instrumentales lyriques avec la guitare électrique inimitable et les cordes de l'orchestre. Mark Boals chante nettement plus grave que d'habitude, au point d'être presque méconnaissable. Lui et Liz Vandall possèdent des registres remarquablement étendus et Roth a su exploiter leurs différentes facettes.

Progressif cet album l'est sans aucun doute, avec notamment les deux longues pièces en plusieurs parties, mais aussi d'autres morceaux aux développements complexes et où l'on trouve les fusions et les contrastes qui définissent l'essence même du genre. Beaucoup d'influences se heurtent : le rock hendrixien pour lequel Uli est célèbre, le hard-rock, et surtout les tonalités classiques, celles-ci souvent plus aventureuses qu'auparavant (plus modernes), sans oublier des éléments de musique orientale.

Le guitariste – dont on oublie souvent qu'il est également un pianiste doué – a laissé une large place aux chanteurs et à l'orchestre mais aussi aux claviers sur son nouvel album, preuve qu'il ne fait pas partie de ces virtuoses qui veulent briller à tout moment. Disque à la production subtile et ample sans être tonitruante, "Under a dark sky" aurait bien pu être produit dans les années 70, avec sa batterie au son feutré (et carrément en retrait sur plusieurs morceaux), son mélange d'instruments électriques et d'orchestre, les voix parfois discrètement mises en valeur mais restant le plus souvent très naturelles.

Peut-on encore parler de hard-rock ou de metal ? Probablement pas. Cet album, certes parfois grandiose et même sombre, fait preuve de beaucoup de finesse et, si la guitare atteint des sommets de virtuosité, c'est toujours l'émotion et les mélodies, les atmosphères qui ont la priorité. Les thèmes de "Under a dark sky" sont souvent plein de majesté, écrits en mode mineur plus qu'à l'accoutumée, avec pourtant des parties vocales lumineuses et très mélodiques.

Sur la suite finale de 19 minutes, "tanz in die dämmerung", Roth retrouve sa guitare classique sur une introduction un peu hispanisante, et les couleurs orientalisantes se mêlent aux orchestrations classiques, et à des parties chorales parfois grandiloquentes au centre d'un chef-d'œuvre progressif alliant puissance, douceur et émotion. Celui-ci s'achève sur une immense montée en puissance, un solo de guitare dantesque qui s'interrompt brutalement de manière totalement inattendue… Mais il est toujours possible de presser de nouveau sur le bouton "play" pour repartir à la découverte de cette œuvre aussi complexe que passionnante qui se révèle et s'apprécie un peu plus à chaque nouvelle écoute.

Un coup de maître que tout amateur de rock progressif et de musique sophistiquée se doit de découvrir !

Marc Moingeon




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