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Qui ne se souvient pas de la belle Emila Derkowska et de sa douce et belle voix ? Le premier album de ce groupe polonais, aux accents miéleux et fragiles, avait révélé Emila et sa copine flûtiste Ewa Smarzynska il y a près de 10 ans déjà. On se souvient aussi de leur prestation lors du premier festival de Corbigny où, en plein milieu de la nuit, Emila avait illuminé de sa beauté, de son sourire et surtout de sa superbe voix, sensuelle et chaude, un public ébahi et définitivement converti à la cause. On se souvient moins de leur prestation ProgLaVie-enne à Paris en 1998, lorsque Christian Aupetit les avait invités dans la capitale, puisque seules 40 personnes avaient répondu présent à l'appel. Mais j'ai eu le plaisir de faire partie de cette escouade d'élus. Et croyez moi, je ne regrette rien : ce fut un vrai bonheur. On se souvient également de leur collaboration avec Colin Bass et de leur passage à Bordeaux. Et puis... plus rien !
Ewa a quitté la formation assez tôt, avant le second album. Mais c'est bien sûr Emila qui a créé le traumatisme lorsqu'après la sortie en 2001 de "The time beneath the sky", le troisième album, elle a annoncé sa décision de quitter Quidam. La section rythmique a ensuite imité Emila : Florek Zbyszek, le clavier et Maciek Meller, le guitariste ont du subitement se sentir bien seuls. A tel point qu'ils ont fait un break de plus d'un an avant de se demander s'ils allaient poursuivre l'aventure ou non.
Aujourd'hui, Quidam nous répond avec ce "SuREvival" dont rien que le titre donne déjà le ton : nous avons survécu et il faudra désormais compter avec nous. C'est un sextet que Florek et Maciek, le noyau dur de Quidam, ont formé : la nouveauté. C'est bien sûr le chanteur (et non une chanteuse), Bartek Kosowicz, qui officie en anglais, avec bonheur d'ailleurs. La partie instrumentale demeure identique, flûte comprise.
Six titres composent cet album : il faut, en effet, exclure de la liste le premier, "airing", qui n'est en réalité qu'une intro à base de bruitages parfaitement dispensable. En revanche, dès le début de "hands off", on entre dans le vif du sujet avec un riff de guitare très Wilsonien. Tiens ? Nos polonais auraient-ils abandonné le prog bon teint un peu mielleux (trop ?) pour réellement s'affirmer ? Malgré ses promesses, le titre ne convainc cependant pas entièrement. Plus pop, "not so close", le titre suivant, est plaisant et nous révèle les talents du chanteur, plutôt intéressants. Mais c'est le morceau titre, "SuREvival" qui a emporté mon opinion positive : punchy et efficace, c'est sur ce titre que le Quidam nouvelle formule se révèle réellement. Et c'est plutôt réussi.
L'album recèle encore de nombreuses choses sympathiques : on y trouve deux morceaux très prog ("the fifth season" et "queen of moulin-rouge"), sortis du même moule, avec une première partie très aérienne, bourrée de flûte et une seconde partie plus agressive. Il se conclut par "everything ended", une suite de 13 minutes (10 si on exclut les 3 minutes de fioritures à la fin) très aérienne, limite psyché.
On sent que Florek Zbyszek et Maciek Meller ont placé de gros espoirs dans cet album. Pour ma part, je dirais qu'ils ont eu raison et réussi dans leur entreprise, même si "SuREvival" comporte évidemment des imperfections et des faiblesses. Le virage musical a été négocié avec brio, même si l'ombre d'Emila plane sur toute l'oeuvre. Gageons qu'au prochain opus, ils auront définitivement viré leur cuti.
Benoît Herr
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