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Je pourrais commencer ma chronique comme pour "Road salt" puisqu'ici il s'agit bien de retro-prog. Expression qui en soit est un non sens. Comment peut-on faire progresser la musique et s'escrimer à faire comme avant ? Qu'importe ! Ce style, quelque part, montre que le prog du début des 70's n'est ni passé, ni actuel, mais éternel. Il ne vieillit pas, voire même il vieillit bien (en comparaison avec des albums de néo-prog de la fin des années 80 / début 90) puisque nombre de classiques de cette époque, je les ai découverts, malgré mon âge Yodaïque, après leur parution. C'est donc justement un voyage à travers le temps que l'on effectue encore ici et l'important (comme dirait l'autre que je ne citerai pas) n'est pas seulement le but que l'on atteint mais le chemin que l'on parcourt. Ainsi on ne voit pas "retro"-spectivement de la même manière que directement. Le vieux prog' à aussi un charme commun aux vieux meubles. C'est ce même voyage que l'on effectue avec les trois premiers (deux studios et un live) Areknamés influencés par Uriah Heep, Atomic Rooster, Crimson voire Pink Floyd mais surtout Van Der Graaf Generator ne serait-ce que pour le chanteur qui rappelle sans le copier Peter Hammill. Périple, pour revenir à mon introduction, traversé également par l'école suédoise actuelle (Beardfish, Änglågard, Anekdoten, Liquid Scarlet, Paatos au début…).
La bande d'Epifani qui vient, elle, d'Italie, se rappelle à nous non pas 5 mois après janvier, mais 4 ans après le complet et excellent "Love hate round trip". Ce dernier, très apprécié par Cousin Hub (Koid'9 n°60) et bien d'autres, a obtenu le ProgAwards du "meilleur album italien". La photo de la pochette, très ancienne (comme par hasard) représentant un homme à côté des rochers, a son lot de mystère. Le mystère : l'atmosphère essentielle d'Areknamés. Elle est suffisamment anachronique, dans un sens, pour susciter les interrogations, pour que l'on y cherche une énigme. Pourquoi ce personnage est-il menotté ("en cas de perte"… de rocher ?). Ce roc est-il une météorite ? Rencontre entre une civilisation futuriste et un homme du 19ème, à l'image de la musique : actuelle et se plongeant dans le passé. Elle actionne justement la machine à remonter dans le temps. Il n'y a plus qu'à poser le disque sur la platine pour faire le voyage prévu. D'une durée plus commune (une petite heure) que le volumineux précédent, ce troisième opus studio apparaîtra également plus calme dans son ensemble, se rapprochant du premier, malgré certains riffs bien appuyés, un son évidemment sale et certains moments de fièvres salvatrices mettant en valeur les contrastes. S'il est divisible en deux comme "Love hate round trip" ce n'est pas à cause d'une dimension double-vinylique mais parce qu'il est constitué de six morceaux charnus de 5 à 7'30 et d'une suite en huit parties de 21'. On commence par un des plus évidents, à la rythmique imparable (malgré des cassures imprévues) sur laquelle se posent des claviers et une mélodie ensorcelants qui nous remémorent également Blue Öyster Cult. Les suivants sont plus apaisés, tirant vers le Liquid Scarlet mais sont nourris quelques fois de délires jazz-rock canterburriens. Chiants ? Mou du genou ? Que nenni : ils sont baignés d'une atmosphère douce et envoutante. Areknamés c'est le petit Jésus en culotte de velours (et je ne fais partie d'aucune confédération…). Pourtant "a new song" (pas si nouvelle que cela puisque présente déjà dans le live comme déjà la troisième) possède 4 minutes finales enflammées. La suite ultime est évidemment plus difficile à aborder mais c'est toujours de la dentelle. Ecoutez-moi ce saxo en intro… à vous faire adorer le jazz (alors si c'est déjà un tant soit peu le cas…). J'ai déjà une petite idée sur l'album de l'année mais celui-ci obtiendra une excellente place dans mon classement.
Lord "prog" One
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