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Ecouter No Sound, c’est d’abord penser à quelque chose de vaporeux, d’évanescent, de léger et fragile comme une bulle de savon, sans visage ni raison. Un mirage mélodique orchestré par Giancarlo Erra qui propose avec "A sense of loss" le successeur intériorisé et essentiel de "Sol 29" (2005) et du ténébreux "Lightdark" (2008). Cette musique reconnaît toutes ses influences : de Porcupine Tree première période à The Pineapple Thief ("Fading silently"), de No Man à Sigur Ros, et elle les triture sans aucun désir de s’en éloigner, préférant en prélever la substantifique moelle pour mieux se faire prendre en flagrant délit de rêverie.
Les claviers mystérieux, lancinants, presque mélancoliques, la guitare légère et la voix en brouillard trafiqué de Giancarlo enveloppent les six nouvelles chansons, brillantes, presque trop évidentes. Quand on entend un titre comme "some warmth into this chill", on dépasse le simple cadre de la musique pour s’avancer dans des zones à dimensions mystérieuses. En explosant les formats, l’album semble explorer une sorte de solitude nocturne qui n’ennuie jamais. Comme les choses simples de l’existence, ces atmosphères recouvrent "A sense of loss" sans jamais l’étouffer au point de lâcher prise.
Sur ce fil, on observera les violons de "tender claim" avec la même fascination que l’acoustique "my apology". Et quel bonheur de ralentir et de prendre le temps ! En se baladant sur le quart d’heure de "winter will come", avec ses contours plus rugueux, plus physique, on se dira également que l’inspiration mélodique dont fait preuve ce disque paraît sans effort, comme touché par la grâce. Peut-être ne lui manque-t-il que la voix quasi définitive d’un Bruce Soord ou la touche de génie d’un Wilson aux manettes pour les rejoindre définitivement au sommet du spleen musical.
Cyrille Delanlssays
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