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NeBeLNeST, ou la fusion réussie du krautrock allemand du début des seventies et du King Crimson de la grande époque ! Non, en fait il serait très réducteur de comparer la musique de cette jeune formation française à un quelconque plagiat ou à une expérience de laboratoire sur de l’A.D.N. passéiste, car elle possède son essence propre, tout en synthétisant cependant un certain nombre d’éléments empruntés aux groupes auxquels je ferai allusion par la suite. L’influence majeure du combo est, à l’écoute de ce présent CD, l’ère Wetton du roi cramoisi (et certainement pas pour les compétences vocales du monsieur, l’oeuvre qui nous concerne étant totalement instrumentale !). On la ressentira tout au long de la presque une heure du disque, et cela dès l’introduction de celui ci qui d’entrée de jeux nous propulse quelque part dans la quatrième dimension, celle des virgules synthétiques sur fond de guitare Frippienne et autres délires du même genre ! Le mellotron est bien sûr largement mis à contribution au travers des neuf compositions de l’album, ainsi que toute une gamme de sonorités de vieux claviers resurgis d’outre tombe ! La musique dévoilée est bien peu empreinte de sérénité (bien que certains passages soient franchement planants) et se veut même très souvent enfiévrée et tourmentée, renouant avec l’approche psychédélique du Pink Floyd de Syd Barret (“A saucerful of secret”, “Ummagumma” mais aussi un peu plus tard le “Live at Pompei” ) ou encore celle d’un Amon Duul bien allumé. La recette est souvent la même au niveau des compos : intros plutôt calmes puis accélérations rythmiques (martèlements de batterie garantis !) jusqu’à l’ivresse survolées de solos de guitare torturés, le tout sur fond de textures synthétiques. Les moments les plus climatiques, souvent froids et mystérieux (ce qui dans le contexte est loin d’être une critique) évoqueront les ambiances dont seuls les formations allemandes du début des seventies avaient le secret (le Popol Vuh de “in the garden of pharaoh”, le Tangerine Dream d’”atem”, “Alpha centauri” et surtout de “Zeit”, toujours aussi beau et flippant même après toutes ces années écoulées !). En sus des pièces de l’album composées avec rigueur et précision malgré le magma bouillonnant dans lequel elles savent nous entraîner, les musiciens se laissent aller à deux reprises dans des improvisations qui nécessiteront de la part de l’auditeur une relative tolérance aux expérimentations sonores en tout genre (on est tout de même loin d’un “Thrakattak”, et ces petits moments de folies s’intègrent parfaitement au ton général du disque, finalement très homogène à l’écoute). Vous l’aurez donc compris, cet album n’est pas à conseillé aux amateurs exclusifs purs et durs de sucreries néo progressives, mais plutôt aux esprits les plus aventureux en matière de trips musicaux. Un disque pas forcément facile à apprivoiser au premier abord, mais qui nous met une sacrée baffe une fois le décollage réussi !
Philippe Vallin
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