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Aussi talentueux dans la composition que solide dans l'exécution, Motis est un groupe qui se réclame à la fois de Ange et de Gabriel Yacoub. Est-ce à dire que le style de Motis se situe entre ces deux prestigieuses références ? Disons que ce croisement en situe le style sans le définir. Car Motis est une formation qui a sa personnalité propre, et elle est trÚs forte.
Ce groupe a pour pivot central Emmanuel Tissot, auteur-compositeur-chanteur et musicien multi-instrumentiste (guitares, cornemuse et claviers) issu de la scène franc-comtoise. Fin 2000, il signe sous le nom de Motis un premier album, "A chacun son graal", rassemblant des chansons sur le Moyen Âge. Il s'associe ensuite avec le batteur-percussionniste Rémy Diaz pour une longue de série de concerts où le public découvrira l'originalité du son rock poético-médiéval de ce duo.
S'ensuivra la réalisation de deux albums, un live, "Première veillée", et un nouvel opus studio, "La fête des fous". En 2003, avec l'arrivée de Florent Tissot à la flûte traversière, Motis devient un trio. Et c'est ainsi qu'ils arpenteront les scènes françaises, notamment à l'occasion de nombreux festivals, ce qui donnera naissance à un deuxième album live, "Dansons". 2004 sera l'année d'une consécration méritée pour Motis. D'abord, la formation est invitée par Christian Descamps à se produire en première partie de Ange lors d'un des concerts de sa tournée "Par les fils de mandrin". Ce qui donnera la matière à un nouvel album live, "La dame et le dragon". Puis le groupe sort sur Musea son troisième album studio, "Le prince des hauteurs", fruit de deux années de travail acharné et opus où toutes les compositions furent d'impeccables réussites, confinant même parfois au discret tour de force. Et c'est sans parler des textes, tous d'une très grande qualité. Après un tel sommet, Motis a-t-il fait mieux, aussi bien ou moins bien avec son tout nouvel album, "L'homme-loup" ?
On y retrouve l'ingrédient principal des atmosphères musicales tissées par le groupe, le Mellotron. Il est là en choeurs, en violons, en nappes éthérées ou en vigoureux accords, omniprésent et envoûtant, ample et émouvant. Mais, qu'on se rassure, aussi beau soit-il, le son du Mellotron n'est en aucune sorte le seul intérêt auditif des arrangements de Motis, vu qu'il s'agit là d'une formation maniant avec autant de dextérité l'épinette que la mandoline en passant par le bouzouki, la basse Taurus et la flûte traversière. Et je ne parle pas du chant, Emmanuel Tissot étant un vocaliste aussi versatile qu'accompli.
Mais pour en revenir à ma question première, Motis a-t-il fait mieux, aussi bien ou moins bien avec son tout nouvel album qu'avec le précédent, disons que les deux albums sont aussi richement dotés de chansons plaisantes et variées, et préférer l'un ou l'autre n'aurait pour moi aucun sens. Et s'il est très clair que l'apport du violon et de la trompette donne une couleur inédite aux arrangements de "L'homme-loup", cela n'enlève rien aux fabuleux arrangements qui parcourent "Le prince des hauteurs". Ce qui est certain, c'est qu'avec son tout nouveau "L'homme-loup", Motis a encore frappé très fort et encore plus marqué le rock progressif français de son empreinte (le terme, en réalité inadéquat, de rock progressif étant ici employé dans son sens le plus large, Motis se définissant comme du médiéval électrique, terme qui ne s'applique dans les faits... qu'à Motis).
Frédéric Gerchambeau
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