Kitaro : Spiritual Garden (2007 - cd - parue dans le Koid9 n°62)

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Les années n'y changent rien : Kitaro continue de produire des albums à un rythme relativement régulier et plutôt rapide - selon les critères des 15 dernières années. Il est rare que plus d'une année ne passe sans qu'un album du multi-instrumentiste Japonais ne paraisse. Ce "jardin spirituel" a été composé et enregistré en collaboration avec son épouse Keiko Takahashi qui a déjà joué avec lui en concert et que l'on peut notamment apercevoir et entendre sur le concert (existant en double CD et en DVD) : "Daylight, moonlight – Live in Yakushiji" de 2002.

Musicalement, "Spiritual garden" est très méditatif, très paisible, à peine plus dynamique que les deux derniers CD du cycle "Sacred journey of ku-kai". Au fil de ces 10 morceaux tous enchaînés, on retrouve des sonorités qui jalonnent toute la discographie du Japonais, depuis ses volutes symphoniques typiques (dont il a usé et abusé au fil des années, mais qui restent rares ici), jusqu'aux timbres cristallins magnifiques similaires à ceux que l'on pouvait entendre sur la série des "Silk Road" I à IV, en passant par des timbres de violon et de violoncelle. Et puis, il y a les instruments traditionnels japonais dont Kitaro fait usage de plus en plus souvent (flûtes, instruments à cordes). Il emploie aussi un peu la guitare électrique. L'album voit aussi la participation de Paul Pesco à la guitare électrique et acoustique sur 3 morceaux (il a déjà contribué à plusieurs albums récents de Kitaro).

Avec des bruitages naturels (vent, eau en cascades, chant d'oiseaux), et un bourdonnement de synthé en fond sonore, un piano cristallin, "gentle forest" et le nettement plus long "the stone and the green world" passent presque sans que l'on ne s'en aperçoive, dénués de percussion, intimistes et mystérieux à la fois. "Sunlight dancing" qui dure dix minutes (en plusieurs parties) s'avère plus enlevé, plus symphonique, avec de la batterie et une belle partie de guitare électrique de Pesco, à la fois bluesy et symphonique, un peu comme chez David Gilmour (on pensera un peu à l'album "Mandala", de 1992). Des textures chorales grandioses transpercées d'un autre solo de guitare dominent la dernière partie du morceau. Les quatre pièces suivantes, très calmes, évoquent parfois le long morceau de "En attendant Cousteau" de Jarre et la musique du "Grand Bleu" d'Eric Serra, avec des influences et une richesse de sonorités plus grandes (atmosphère traditionnelle japonaise sur "wind and water", etc.). Seul le huitième et le neuvième titre "hydrosphere" et "quasar", qui totalisent 10 minutes, renouent avec un certain dynamisme. Le premier est une lente intro avec guitare électrique plaintive et le second décolle pour atteindre une ambiance un peu fiévreuse avec synthés symphoniques, volutes électroniques et même de l'orgue Hammond, sur un fond de batterie et de percussions orchestrales, avant que n'intervienne de nouveau une guitare électrique lyrique, ce qui donne de nouveau à ce morceau des échos de Pink Floyd. L'album se termine par un court interlude un peu expérimental suivi d'un lent final en forme d'hymne, de facture assez classique ("spiritual garden").

On peut regretter que Kitaro n'ait pas donné un peu plus d'ampleur à son "jardin spirituel", au demeurant fort beau, mais peut-être un peu trop statique sur la longueur pour l'amateur de rock progressif moyen. Reste l'esthétisme raffiné qui caractérise le compositeur et les sonorités superbes et variées, mises en valeur par une production à la fois profonde et claire comme le cristal.

Marc Moigeon

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Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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