Khatsaturjan : Aramed Forces Of Simantipak (2006 - cd - parue dans le Koid9 n°59)

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D’abord versés dans des arrangements d’œuvres classiques puisées dans les répertoires de Dvorak, Prokofiev ou autres Moussorgski, cette fine équipe finlandaise comptant dans ses rangs Jaakko Koikkalainen à la basse, Atte Kurri à la guitare, Ilkka Piispala derrière les fûts et Ilkka Saarikivi aux claviers (tous quatre venus au monde cette même année qui, dans nos contrées, vit Tonton remonter les Champs Elysées la rose à la main !) sortait logiquement en 2002 un mini CD «pseudo classique» intitulé "Aramsome sums".

Nous dirons toutefois qu’"Aramed forced" est leur premier album, car d’une part, le précédent opus ne contenait que des reprises (classiques, si vous me suivez…), et que par ailleurs, il ne fut jamais officiellement distribué. Cette fois-ci, nos finlandais ont trouvé en notre label hexagonal Musea un interlocuteur sérieux à même de diffuser leur art, et ils ont mis un point d’honneur à n’embarquer dans leur nouvel album que des compositions originales, abandonnant au passage le registre classique pour se consacrer au «symphonic progressive 70’s vintage» (sic).

Ce n’est pas à vous que je l’apprendrai, fidèles lecteurs de Koid’9, il n’est de bon prog sans bons musiciens. En l’occurrence, pas de soucis de ce côté-là avec Khatsaturjan, reprendre les maîtres cités plus haut impliquant d’avoir usé quelques années durant ses fonds de culotte sur les bancs d’un conservatoire ; en outre, les fonctions respectives des musiciens évoquées plus haut ne sauraient être qu’indicatives, puisque dans les faits, chacun d’entre eux joue aussi des instruments de ses petits collègues et vice versa, et qu’en outre, tous prennent part au chant. L’album démarre par une intro de 40 secondes où le piano d’Ilkka (probablement…) accompagne sobrement la voix dominante de cet album.

Je ne saurais vous dire qui chante en vertu de ce que j’écrivais quelques lignes plus haut, mais force est de constater que le placement de cette voix est perfectible, comme le dénote la dérive dès la 25e seconde du premier titre, errements intervenant également à de nombreuses autres reprises sur l’album. Une seconde voix, dans un registre plus aigu, vient également épauler ou se substituer à la première sur d’autres titres (comme sur le 6e, "the new masters of my body") mais sans plus de bonheur malheureusement, les dérives tonales non maîtrisées étant même probablement encore plus perturbantes lorsqu’elles interviennent dans les dernières octaves.

Pour le reste, ce quartet joue, et joue bien, ce qui n’est en soi pas surprenant étant donné leur pedigree, mais le groupe a tendance à se perdre en route dans son propos, comme sur le 5e titre de 11 minutes, "scenario triangular", qui comporte un ventre mou entre la 3e et la 7e minute, tout comme le 10e titre de 15 minutes, "the mass", qui comporte 2 ou 3 longs passages calmes qui cassent inutilement le rythme du morceau, ou encore sur l’ensemble du 7e titre "I’ve got your daddy’s phonenumber !", entièrement instrumental et où, à vrai dire, pas grand-chose ne se passe.

Pour autant, "Aramed" recèle des passages intéressants, comme "chromatic movement", l’un des plus mélodiques, ou "oh, cosmic pearl", bien que sur ce dernier titre comme sur un ou deux autres, le rythme binaire de la batterie me dérange tout de même quelque peu.

En définitive, si cette première œuvre n’est pas encore pleinement convaincante à mon sens du fait des quelques soucis évoqués plus haut, elle n’est pas non plus dénuée de qualités et l’on sent que ce quartet en a probablement encore «sous le pied». S’ils consentent à recruter un chanteur digne de ce nom et tentent une approche plus efficace ou dirons-nous un peu moins pompeuse/académique du genre, nul doute qu’ils peuvent nous réserver une excellente surprise à la faveur d’une prochaine sortie.

Serge Llorente






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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