Peter Hammill : Singularity (2007 - cd - parue dans le Koid9 n°61)

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OOPS...il m'aura fallu peu de temps pour comprendre qu'écrire quelques mots sur ce nouvel album serait un exercice périlleux. Déjà l'écoute est difficile, ce qui est gage de qualité certes, mais la noirceur du tableau liée au côté arythmique en font un CD particulièrement dur à aborder.

En fait, ça commence avec un bon rock, façon Hammill bien sur, sur un simple plan de batterie sans cymbales ni charley, plusieurs pistes de guitares électro-acoustic Ovation tiennent la structure du morceau. La mélodie est accrocheuse, c'est le titre idéal pour ouvrir le bal. "Event horizon" est ce que j'appelle un "floating song", absence totale de rythme, tempo avec de grandes respirations, mouvement et développement très lents. L'atmosphère apaisante des guitares acoustiques est articulée autour de la voix fantastique de Peter qui, dans le même climat serein, nous amène au titre suivant.

Intro somptueuse sur des tapis de voix avec un effet réverbe grand canyon, son de harpe cristallin déchiré à mi-morceau par un break acidulé de guitare au son fuzz absolument... horrible. Une sonorité plastique qui parait tout droit sortie d'un logiciel de simulation d'ampli. Ce qui n'empêche que ce "famous last world" est un des grands moments de ce CD où Peter Hammill joue de tous les instruments en étant le seul maître à bord. Après un folk song attachant, on entend distinctement pour la première fois des claviers avec un son de piano électrique DX7 qui avait tant marqué les années 80. Que ce soit avec un clavier ou une guitare, ce qui prédomine toujours sont la voix, et les textes qui laissent le regret de ne pas assez maîtriser cette belle langue.

Retour à un bon rock où les prises de chant sont multipliées. Puis il y a une petite pièce courte et étrange pour piano, sans aucune réelle mélodie, interprétée sans souplesse, qui parait être posée là pour casser la structure de l'ensemble. Dès les premières notes du huitième titre "friday afternoon", on ne peut s'empêcher de penser à Van Der Graaf Generator. Encore une fois, il n'y a aucun support rythmique et il en sera de même pour le titre suivant, Peter étant seul au piano. Tout repose sur la voix grandiose de ce gars qui doit certainement être fou pour jongler comme ça avec les octaves. "White dot" est la déchirure finale, une complaisance dans les accords dramatiquement mineurs, une ambiance angoissante composée sur des notes reverses de piano acoustique qui forment un loop et qui sont donc jouées en boucle pour former 6 minutes de tension intense sans jamais exploser. Là où pleins d'autres compositeurs auraient logiquement fait rentrer une section au groove bien lourd accompagné d'une imposante orchestration, Peter Hammill reste très sobre, comme pour mieux nous chanter à l'oreille.

Jo Drogo

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Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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