Everon : Flesh (2002 - cd - parue dans le Koid9 n°44)

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Voici donc le deuxième album promis par Everon pour cette année après l’excellent "bridge" (chroniqué dans le n°43) qui, par rapport à celui-ci devrait être beaucoup plus symphonique et plus progressif dans l’ensemble.

Si vous connaissez Everon, vous n’aurez pas de surprise immense avec "Flesh", si ce n’est la couverture du livret curieusement très sombre et effrayante par rapport à la musique qui figure sur le disque. Elle se réfère probablement à certains textes qui, bien souvent, ne sont pas très joyeux. Si "Flesh" peut surprendre, c’est certainement par la qualité des mélodies, parmi les meilleures que le groupe ait jamais enregistrées.

L’auditeur se retrouve ici au côté le plus accessible d‘Everon, avec plusieurs "ballades" et surtout des arrangements plus symphoniques que jamais où le piano et les synthétiseurs se taillent la part du lion, avec toujours des guitares électriques saturées sur pas mal de passages mais moins que d’habitude et puis on peut aussi entendre de la guitare classique, un violon et un violoncelle. Ceci dit, en aucun cas l’album n’est mou. Oliver Philipps, chanteur, claviériste et guitariste du groupe s’autorise certains passages très calmes mais ne peut s’empêcher de composer des morceaux amples et souvent grandioses qui ressemblent plus à des hymnes qu’à des bluettes intimistes.

L’album démarre calmement avec piano et violoncelle sur "and still it bleeds" mais le morceau décolle bientôt avec un mur du son de guitares électriques, tout en gardant une nuance orchestrale très prononcée et un tempo moyen majestueux. "Already dead" qui suit prouve qu’en 3mn20 on peut faire un morceau orchestral excellent qui n’a rien à voir avec une petite ritournelle futile. Celui-ci démarre avec le piano et quelques boucles rythmiques avant de décoller sur des paroles pour le moins désespérées. Oliver Phillips s’y voit donner la réplique par la voix superbe et sensible de Judith Stüber. On la retrouvera avec plaisir sur "the river", encore une chanson basée sur le piano d’Oliver Philipps qui, avec "pictures of you", s’affichent toutes deux comme des hits potentiels.

L’album contient aussi des pièces véritablement paisibles comme "missing from the chain" (Oliver a fait un superbe travail d’orchestration avec les seuls synthétiseurs sur ce morceau émouvant) ou encore le final "back in sight", lente glissade mélancolique où on entend de nouveau des rythmes électroniques très doux.

Pièce de résistance de l’album qui porte son titre, le très long "flesh" dépasse les 14 minutes. Contrairement à l’ensemble, celui-ci recèle quelques passages très lourds et dissonants. Démarrant avec une mélodie interprétée avec guitare classique et piano, qui rappelle la musique de la Renaissance, le morceau prend vite une tournure plus symphonique et les breaks se succèdent, apportant des thèmes superbes mais l’ensemble est parfois un peu trop contrasté (cette petite section très agressive qui reviendra par trois fois). Malgré cela et son texte amer et désespéré sur l’Humanité, "Flesh" reste à ce jour l’une des meilleures créations d’Everon.

"Flesh", comme "Bridge" mérite bien des écoutes attentives, car si certaines mélodies accrochent immédiatement l’auditeur, d’autres demandent à mûrir.

Au final, peut-être cet album aurait-il pu sortir en double album avec le précédent (financièrement parlant, cela aurait sans doute été mieux pour le public) mais on peut dire qu’il est en effet un peu différent des autres albums d’Everon avec ses morceaux souvent grandioses mais une grande majorité de pièces plus symphoniques et le terme "symphonique" est ici véritablement mérité, croyez-moi ! Le concert "acoustique" à la FNAC Montparnasse le 25 octobre dernier, malgré les inquiétudes de Philipps, nous a prouvé, si besoin était encore, que le leader d’Everon est avant-tout un excellent compositeur de mélodies, un pianiste sensible et un chanteur de grande classe. Il ne reste plus qu’à espérer que le groupe au complet transpose tout son talent sur scène pour des concerts, ce qui n’est pas souvent le cas.

Marc Moingeon






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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