Ephrat : No One's Words (2008 - cd - parue dans le Koid9 n°67)

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Bien belle découverte que ce "groupe" israélien, porté par son leader multi-instrumentiste de talent, Omer Ephrat (guitares, claviers, flûte) ! Ne sachant pas du tout à quoi m’attendre et ayant écouté cet album en aveugle avec seulement une pochette promo n’indiquant ni les musiciens ni le producteur, j’ai été agréablement surpris d’avoir pioché les bonnes cartes. En effet, l’influence de Steven Wilson (Porcupine Tree) est assez prépondérante ici et il n’est pas étonnant de voir qu’il a entièrement signé la réalisation de l’album. Le "son" PT est si facile à reconnaître qu’il était évident qu’il y avait anguille sous roche. Dès le premier morceau, le fabuleux "the show" durant 10 minutes, l’on est pris dans un tourbillon de sons plus ou moins hard, plus ou moins acoustiques, de breaks à foison, de voyages moyen-orientaux, de voix déformées ou au contraire pures comme l’eau de roche, bref tout ce qui fait que le prog’ actuel peut être quelquefois passionnant grâce à des groupes comme celui-ci. Il faut dire que le père Ephrat ne s’est pas entouré de manchots puisqu’il est épaulé par Tomer Z (Blackfield) à la batterie, et les moins connus Lior Seker au chant et Gili Rosenberg à la basse. Des invités de marque sont néanmoins présents en la personne de Daniel Gildenlöw (Pain of Salvation) et Petronella Nettermalm (Paatos) tous deux au chant, excusez du peu. Dès le deuxième titre, celle-ci donne de la voix durant 7 minutes et c’est un plaisir sans égal (je suis un inconditionnel de cette chanteuse, ne cherchez pas…). Les ambiances lourdes comme le plomb côtoient constamment les arpèges délicats durant tout ce morceau et là-dessus se pose la voix aérienne de Petronella. Miam miam ! Paatos n’est pas loin avec cette ambiance jazzy surannée. La suite est un peu plus convenue avec ce morceau bien lourd "better than anything" qui dure un peu trop à mon goût au vu des développements très (trop ?) Pain of Salvation (ça manque de contrastes) et son pendant musical, le court "blocked" (moins de 5 minutes), où l’on croirait entendre l’arbre à porc-épic. Voici venu le temps, non pas des rires et des chants, mais bien du morceau écrit et chanté par Daniel Gildenlöw, 9 minutes 36 de "the sum of damage done" : dès l’apparition du chant traficoté, l’on croirait entendre un vieux Uriah Heep à la sauce POS ! Il n’y a pas de doute, ce morceau est typiquement une création POSienne (ça y est, je viens encore d’inventer un mot !) avec son milieu atmosphérique à la guitare acoustique entouré de développements guitaristiques rageurs. Enfin, la cerise sur le gâteau est le morceau de 19 minutes qui clôt l’album, "real", que certains trouveront sûrement long mais qui est, ma foi, assez représentatif de ce que le groupe peut donner quand il se lache sur des très longs formats. Bien sûr les amateurs de la bande à Wilson pourront, au choix, soit adorer au nom de la filiation progressive, soit détester au nom de la sacro-sainte originalité. Je me garderai bien de les départager, en grand amateur du dit artiste que je suis, mais sachez que ce disque, s’il n’est pas un chef-d’œuvre, est toutefois grandement jouissif pour peu que vous ne soyez pas effrayés par les filiations déjà citées. Et n’oublions pas qu’il s’agit d’un premier album donc avec une énorme marge de progression pour l’avenir…

NB : C’est marrant mais le lecteur Windows Media Player 11 prend ce disque pour "Houses of the holy" de Led Zeppelin, une sacrée référence dans le genre ! C’est les musiciens d’Ephrat qui ont dû rigoler en voyant ça…

Renaud Oualid






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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