Alamaailman Vasarat : Käärmelautakunta (2004 - cd - parue dans le Koid9 n°49)

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Cette formation finlandaise répond au doux nom imprononçable de "Marteaux du Monde d'En Bas", et l'on peut voir deux de ces instruments contondants au dos du boîtier. Il s'agit de l'arme favorite du dieu nordique Thor, ce qui nous plonge d'emblée dans l'univers fantastique des anciennes légendes locales comme le confirme le titre "dragon volant" du huitième morceau. De nombreux poèmes légendaires et mythologiques finlandais ont en effet été compilés et rassemblés dans le célèbre et monumental ouvrage intitulé "Kalevala", source inépuisable d'inspiration aussi bien pour les musiciens (voir la chronique du triple CD éponyme dans le précédent Koid'9) que pour les écrivains (J. R. R. Tolkien pour ne citer que lui).

Voici le second CD du groupe, mais des recherches infructueuses dans les archives du Koid'9 m'obligent à reconnaître que le premier disque, sorti en 2000, n'a pas été chroniqué dans nos colonnes. Cet oubli impardonnable mérite un gage. Par exemple regarder en boucle pendant une journée le DVD du dernier concert de Star Ac'. En plus, le compte-rendu de cette expérience passionnante étofferait la rubrique DVD. Bon, euh... qui s'y colle ? Certes après un traumatisme pareil, la seule façon de s'en remettre et d'échapper au suicide est d'écouter le nouvel opus d'Alamaailman Vasarat qui vaut largement le détour. Le groupe se présente comme "jouant de la musique de cuivres ethnique, couillue et punk" (j'emprunte le qualificatif cher à Bertrand Pourcheron pour essayer de traduire le double sens de l'anglais horny). Vaste programme ! Pour le réaliser en 9 morceaux, six musiciens ont associé leurs talents : deux violoncellistes, un claviériste (harmonium et piano), deux instrumentistes à vent (trombone et tuba, saxophone et clarinette) et un percussionniste. Dès le premier morceau, une guitare électrique incandescente introduit une ambiance franchement metal... Hé, mais il n'y a pas de guitariste ! Et pourtant on jurerait bien que si, tellement la pédale de distorsion ajoutée au violoncelle donne le change. Cette utilisation très particulière d'un instrument à cordes classique qui lui fait dégager une puissance phénoménale évoque le groupe Apocalyptica, lui aussi finlandais. Mais la comparaison s'arrête là, car Alamaailman Vasarat loin de se cantonner au metal explore une palette musicale très variée allant de la musique de chambre classique à la musique ethnique d'Europe centrale, en passant par le RIO (non pas de Janeiro, mais en opposition !) et même la musique de cirque. Comme annoncé, les cuivres sont effectivement omniprésents et se prêtent avec bonheur à tous les styles musicaux précités. Certains morceaux sont très dansants, ceux d'inspiration yiddish ou tsigane, et il est impossible de se retenir de taper du pied sur le rythme endiablé de l'avant-dernier. Le dernier morceau quant à lui décoiffe particulièrement, avec sa basse grondante issue d'un son de violoncelle distordu sur laquelle vient se greffer une sorte de boléro survitaminé qui termine le disque en apothéose. Nous avons donc affaire ici à un surprenant mélange de styles musicaux, servi par une excellente technique et une inspiration sans faille. Une sorte d'After Crying nordique finalement. Ce CD est d'ores et déjà dans le top 10 de l'année.

Bruno Dassy






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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