Vangelis : Mythodea (2001 - cd - parue dans le Koid9 n°46)

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Déjà sorti depuis plus d'un an et demi, cet album a semble-t-il fait l'objet d'un mépris total ici. Encore une fois, il se peut que l'album, sorti sur la division classique de Sony, alors que Vangelis est considéré comme un musicien de "rock" (aussi stupide cela soit-il) n'ait pas bénéficié de la couverture promotionnelle qu'on était en droit d'attendre pour une œuvre d'une telle ampleur. Ce disque, sous-titré "Music for the NASA Mission : 2001 Mars odyssey" est en fait une œuvre classique moderne, commissionnée à l'occasion du lancement des nouvelles missions d'exploration martiennes.

La performance enregistrée en public bénéficie de la présence de Jessye Norman et Kathleen Battle, les deux très célèbres sopranos, du non moins fameux London Metropolitan Orchestra et du Chœur de l'Opéra National de Grèce. Autant dire qu'il y a beaucoup de musiciens sur scène !

"Mythodea" rejoint assez nettement des albums de Vangelis à la forte connotation classique, d'influence grecque, comme le méconnu mais très bon "Mask" en 1985 et plus récemment le magnifique album "El Greco" dont il m'a semblé retrouver une mélodie dans le quatrième mouvement.

"Mythodea" est divisé en 10 mouvements de 3 à 13 minutes plus une introduction aux synthés, le tout s'étalant sur 63 minutes. Il s'agit ouvertement de musique classique, quelle que soit la définition exacte que l'on donne à ce terme. Il faudra une écoute attentive pour apprécier cet album, qui n'est en aucun cas une musique de fond ! Les précédents efforts les plus symphoniques de Vangelis ont toujours témoigné de son goût pour la musique grandiose, parfois grandiloquente et même pesante. "Mythodea" n'échappe pas à la règle. Le premier mouvement basé sur les roulements de tambour évoque un compte à rebours servant de fond à des chœurs de voix de basse très martiaux. Au fur et à mesure des 9 mouvements suivants, on assistera à une alternance de vocalises angéliques (notamment celles de Kathleen Battle dont la voix est plus aiguë que celle de Jessye Norman) et de parties très puissantes.

Le Chœur de l'Opéra National de Grèce est aussi énorme que subtil lorsque c'est nécessaire et Vangelis en use très intelligemment, faisant parfois figurer seulement certaines sections ou tous les chanteurs ensemble, car les voix sont omniprésentes dans ces 10 mouvements. L'orchestre et les synthés aux sonorités de flûte, de cordes, de cuivres, - nettement audibles lorsqu'ils interviennent sans toutefois dominer sur la majorité des morceaux - bâtissent des hymnes et des passages éthérés d'un pureté émouvante aussi bien que des climats tendus et presque oppressants.

C'est définitivement un album qu'il faut écouter avec un certain état d'esprit… œuvre faite de contrastes saisissants, sensible et très majestueuse à la fois, dont l'atmosphère confine à un certain mysticisme.

L'enregistrement est de très grande qualité, détail particulièrement important pour un disque de ce type…

Même Vangelis, qui est fasciné par la Conquête Spatiale, a su adapter ses caractéristiques musicales uniques à l'illustration de ce projet ambitieux, auquel cette musique donne une dimension singulièrement plus dramatique.

A noter qu'il existe un DVD de cet événement.

Marc Moingeon






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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