Thessera : Fooled Eyes (2006 - cd - parue dans le Koid9 n°60)

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Encore un groupe de progmetal et cette fois venu du Brésil. Comme Angra, me direz-vous  ? En fait, il y a un petit air de famille entre les deux groupes, oui, mais on pourrait aussi bien citer Dream Theater (influence décidément inévitable et dont on aimerait s'abstraire) et même Iron Maiden et Shadow Gallery pour le côté épique sur quelques passages (sur le plus long titre "the gallery" par exemple). Sextuor de garçons assez jeunes, Thessera a quand même voulu frapper fort avec son premier CD (enregistré sur 2004 et 2005 mais qui sort seulement cette année)  : rien moins qu'un album-concept de près de 65 minutes, bien produit, et bien emballé (le livret luxueux de 20 pages, réalisé par le chanteur Marcelo Quina et le guitariste Nando Costa mérite des applaudissements  !).

Constitué de 9 morceaux enchaînés allant de 3 à plus de 10 minutes, "Fooled eyes" propose une musique metal puissante et favorisant les rythmes rapides. Malgré cela, le groupe offre aussi des passages non metal, des moments plus intimes ou symphoniques, et intègre même quelques éléments de jazz et de musique latine, une idée que les gens d'Angra avait développée dès leur 2e album, "Holy land". Malgré la présence de deux guitaristes, la batterie envahissante et la basse volubile, les claviers tiennent quand même une place importante. Les sections non-metal restent nettement minoritaires, mais les références mentionnées ci-dessus et l'inclusion de nombreux dialogues au c?ur des morceaux et entre ceux-ci démarquent un peu le groupe des autres du genre. Techniquement, ce ne sont pas des manchots, c'est clair, les parties instrumentales sont nombreuses, riches et bien construites, avec doubles soli guitare/claviers à la clé. Le chanteur Marcelo Quinto est bon, relativement proche d'Edu Falashi (Angra) ou de Michael Kiske (registre large, tendance à produire ces fameux vocaux "metal opera" dans les aigus, et une légère tendance à s'érailler en forçant).

La production est dense mais on entend bien tous les instruments, même le bassiste Marcelo Mattos qui joue quelques parties mélodiques ici et là. Si seulement on ralentissait un peu le tempo général, que les riffs de guitare étaient un peu plus originaux et que la batterie était mixée un peu moins fort (moins de notes et moins de double grosse caisse aussi, ce serait pas mal  : le "syndrome de Mike Portnoy" s'est décidément répandu partout  !), Thessera gagnerait en originalité et passerait mieux sur la longueur. Ici, le foisonnement des rythmes et la puissance générale peuvent amener l'auditeur à la saturation, au bout d'un moment. Pourtant, une belle ballade acoustique comme "the leading roles" (5:06) est tellement subtile et bien réussie. On en redemande.

Vu l'apparente jeunesse de ses membres, en tout cas, il est normal d'être un peu indulgent. Reste maintenant pour les membres de Thessera à trouver l'étincelle qui les distinguera des autres formations qui pullulent dans la jungle du genre metalprog. A suivre de près  !

Marc Moingeon

 






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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