Astrovoyager : Symphotronic Lunation (2010 - cd - parue dans le Koid9 n°74)

Astrovoyager_SymphotronicLunation.jpg

En 2006, dans le n° 58 de Koid'9, je vous avais narré les aventures de "Temporal gravitation˛", premier projet proposé au grand public à grande échelle par Philippe Fagnoni, instigateur de la chose. J'avais beaucoup apprécié cet exercice de style électronique et, voici, 4 ans plus tard, son successeur. L'artiste messin a décidé de voir plus grand en associant une empreinte visuelle à l?émotion musicale. C?est pourquoi un court-métrage musical, réalisé par Eric Parisi, photographié par Bruce Pierson et mis en livre par Stéphane Monbel, a été spécialement créé pour habiller cette musique. Le disque est donc disponible dans une luxueuse édition CD + DVD, superbe écrin avec un livret de 46 pages serti dans une présentation digibook très classe et belle. Voilà pour la forme, qui est plus que sympathique. Voyons donc plus précisément le fond et commençons par le CD d'une durée d'environ 50 minutes. L'artiste a de nouveau composé une multitude de morceaux très courts (18 allant de 1 à 4' maximum) et commencé son disque de la même manière que le précédent, avec une voix féminine (Patricia Foust, déjà présente sur "Temporal gravitation˛") qui nous invite à prendre place pour le voyage. Puis, celui-ci débute, par un clocher d'église et un quatuor à cordes (The Travelling Quartet conduit par Anne Gavoin). Puis c'est au tour de ch?urs magnifiques (Notre Dame de Bon Voyage de Cannes) qui introduisent la batterie d'Alain Asplanato. L'on reste sur le même registre mélancolique et symphonique durant une bonne partie de l'album. Là où le bas blesse, c'est lorsque l'artiste a décidé (sciemment) de mêler des rythmes technoïdes à sa musique. Cependant, "total immersion", le 4e morceau est encore écoutable grâce à une rythmique certes techno mais assez discrète. Ce ne sera pas le cas des morceaux 10 et 14 où c'est franchement horripilant à mon goût. C'est étrange d'ailleurs que l'homme ait apparemment choisi comme single "full moon rendez-vous", titre le moins représentatif de l'album (en tout, seul trois titres technos sont à déplorer, dont deux servent d'habillage vidéo et apparaissent dans les bandes annonces/trailers disponibles). Revenons aux bons moments, puisqu'ils sont les plus nombreux, heureusement. Ce sont globalement les claviers du maître qui dominent, mais le fait d'avoir travaillé avec des intervenants extérieurs enrichit l'expérience. Outre ceux déjà cités, n'oublions pas de parler du travail de Jeff Parent, pendant musical de Philippe, qui s'occupera des programmations supplémentaires. La section "rock" est complétée par le guitariste Amaury Filliard et le bassiste Christian Pacchiaudi. Ils sont totalement sous-employés, leur seule partie vraiment intéressante étant le titre "moonset" où la guitare prend enfin un solo final et où les instruments décollent enfin. Le mariage avec les instruments classiques est magnifique. Enfin, il y a un morceau caché absolument immonde (rythme dance à gogo) après quelques minutes de blanc à la fin. J'ai l'impression que le disque a mal été "vendu" car l'EPK (Electronic Press Kit) ne présente que les morceaux les plus technos, ce qui ne représente pas la réalité puisque ceux-ci sont ultra minoritaires. Mais bon? Parlons de la partie DVD maintenant  : après une présentation musicale magnifique, apparaissent les menus sonorisés. On a le choix entre stéréo 2.0, dolby digital 5.1 et DTS. La classe  ! Enfin, le tout est en français mais avec possibilité de sous-titrages en anglais. On commence par le court-métrage d'une durée de 10'. Censé représenter l'atmosphère générale de l'album, je n'y ai malheureusement trouvé aucun intérêt. Voir un personnage mystérieux, chapeauté et en gabardine noire, se promener pour finalement rentrer dans un appartement et dévoiler qu'il s'agit d'une jeune femme (l'actrice Oriane Alaphilippe) qui semble bien s'ennuyer (rêver  ?) en regardant le discours de Kennedy sur la conquête spatiale sur son iPod ne présente franchement aucun intérêt. Je suppose que l'on a voulu faire nouvelle vague française avec ce noir et blanc fauché et ces effets visuels pathétiques (c'est tourné en DV, ce qui n'arrange rien) mais franchement, faudra qu'on m'explique ce qu'il y a à comprendre et surtout que l'on me prouve que ce n'est pas ennuyeux  ! Il y avait sûrement une autre piste à creuser, celle du mystère entourant le personnage, franchement intéressant grâce à un costume étrange. Bref, rien à tirer de ce côté-là. Ca commence mal. Puis, nous avons droit à 4 vidéos (en fait, 2 mais déclinées en "dance" et autre "capsule mix"). Les masters sont tirés du court métrage, donc aucun intérêt. Les remix présentent des vidéographies pas trop mal faites ainsi que des images de missions lunaires et du président Kennedy. Ensuite c'est au tour des galeries de photos, visibles seules ou avec une musique sous forme de vidéo. Puis c'est l'EPK qui est présenté entièrement, c'est une synthèse de l'?uvre, destinée aux journalistes. Anecdotique. Un making-of très intéressant de 10' conclut le tout. Il existe aussi un menu caché, je vous laisse le chercher (rien de bien génial ne s'y niche malheureusement). Au final, une ?uvre singulière, qui mixe les morceaux magnifiques ("in pace" et son ch?ur littéralement céleste, par exemple) avec des trucs insipides destinés aux boîtes de nuit et dont on se demande encore ce qu'ils viennent faire là-dedans  ! Dommage de n'avoir pas gardé une ligne directrice claire pour ce projet. Vous pouvez visiter le site d'Astrovoyager, très bien réalisé, où vous pourrez écouter des extraits de morceaux, voir des vidéos, commander le CD et même écrire directement à l?artiste  : www.astrovoyager.org.

Renaud Oualid






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

L'URL pour cet article est : http://www.koid9.net/sections.php?op=viewarticle&artid=148