Sebastian Hardie : Windchase (1976 - cd - parue dans le Koid9 n°30)


Direct vers Windchase

Amateurs de belles guitares expressives façon Camel ou Pink Floyd, vous serez certainement heureux de vous faire caresser les oreilles par celle de Mario Millo, l’un des instigateurs de Sebastian Hardie, qui officie également au micro. Ressortez sans plus attendre vos pantalons à pattes d’éléphant, vos T-Shirts moulants et vos perruques qui tombent au ras de fesses. Par contre, vous n’êtes aucunement obligés de vous procurer des substances qui hallucinent Eugène, car la musique pourra aisément jouer ce rôle. En effet, ces deux disques fleurent bon une certaine époque, celle où l’on prônait sans honte la nonchalance et le plaisir de vivre (avez-vous remarqué comme à présent tout s’est accéléré : tout le monde est constamment pressé et survolté, et les chansons actuelles ne parlent plus que de désespoir et de problèmes de société, certes préoccupants, mais il faut savoir rester cool brother ! Bon, je m’arrête là, sinon je vais faire une dépression, moi...) Revenons donc à nos moutons australiens de Sebastian Hardie, qui rappelons-le n’est autre que le fils du cousin du fleuriste de la concierge (qui osera dire le contraire ?) de Toivo Pilt qui tient ici les claviers. Non, en fait il ne faut pas chercher, car c’est un nom complètement bidon, tout comme Pink Floyd ou Johnny Halliday (cherchez l’intrus).

Commençons donc tant qu’à faire par le premier album "Four moments" qui date de 1975 : enregistré et mixé en six jours, son but n’était autre que de montrer de quoi le groupe était capable en live (ou presque, c’est-à-dire sans sur-production), et il faut bien admettre que le résultat force l’admiration tant par son inspiration que par l’accord parfait entre les quatre intervenants. Le premier morceau, éponyme de 21’, est une suite (en quatre parties, cela va sans dire) qui met parfaitement en valeur chacun des musiciens, tandis que les suivants sont un peu plus axés sur la délicieuse guitare de Mister Millo. Partant d’un thème assez simple au clavier, les développements qui suivent sont un bonheur constant et le chant, assez peu utilisé, est lui aussi parfait. Le deuxième, "rosanna" (qui, si mes renseignements sont exacts, doit être la fameuse concierge de tout à l’heure), est une magnifique ode à la guitare électrique, dont la mélodie vous trottera longtemps dans la tête. S’ensuit "openings" qui ne fait que confirmer l’impression de départ d’avoir affaire à de vrais pros et durant lequel la guitare se met à nouveau un peu en retrait, même si de nombreux morceaux de bravoure émaillent ces 13 minutes, notamment lors du final tout bonnement ébouriffant. Globalement, l’ensemble paraît couler de source, sans temps mort du point de vue de l’inspiration ni de l’interprétation, avec une aisance qui frôle l’indécence.

Si "Four moments" est plutôt celui des deux albums par lequel il vaut mieux faire connaissance de Sebastian Hardie, "Windchase" n’en constitue pas moins le complément idéal, si vous avez été séduit par le premier, car il restitue à nouveau cette incroyable impression de fraîcheur et de liberté et on retrouve le même feeling guitaristique, autant d’ingrédients qui sont de véritables marques de fabrique du groupe. Pressé seulement un an après par son label d’enregistrer un successeur à "Four moments" qui eut à sa sortie un succès retentissant, il devra en assurer cette fois lui-même la production, l’équipe précédente étant indisponible et se baser sur des morceaux non testés en public. Eh bien même dans ces conditions le résultat est plus que probant. Les quatre comparses réitèrent le coup de commencer les hostilités par une composition de 21’ avec le morceau-titre, véritable suite, cette fois non explicitement découpée en sous-parties mais incluant de nombreux changements de rythme, qui distille une grande sensation de sérénité et de bien-être, sans pour autant donner dans la new-age. Le reste de l’album est constitué de quatre pièces courtes d’environ 4’ chacune : "at the end" et ses ambiances très planantes est suivi du plus enlevé "life, love and music" et son refrain très peace-and-love. "Hello phimistar" (clin d’œil à l’ingénieur du son), sans doute né d’une improvisation, nous montre toute l’énergie dont ces gens sont capables. Le disque se referme sur "peaceful" qui nous fait reprendre les airs pour une balade rafraîchissante loin des tracasseries du quotidien. Ce deuxième opus aurait certainement pu prendre une autre ampleur s’il leur avait été accordé plus de temps pour nous peaufiner pourquoi pas une autre de ces longues pièces particulièrement délectables. Enfin quoi qu’il en soit, je pense que comme moi après avoir goûté à "Four moments", vous serez irrépressiblement attiré vers le second.

Enfin réédités par Muséa après une longue indisponibilité, il s’agit là indéniablement de deux pièces historiques, l’instantané et le concentré du talent de quatre musiciens surdoués, et qui procurent un plaisir grandissant au fur et à mesure des écoutes. A consommer sans modération !

Michael Fligny






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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