Rest In Peace : Evilution (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°46)
On avait quitté les français de Rest in Peace avec leur premier album autoproduit, "Stares of reality", plein de promesses. Le groupe semblait avoir le potentiel pour offrir une alternative intéressante au métal (plus ou moins) progressif français. Mais alors qu’il sort son second album chez Brennus, c’est un bilan en demi-teinte qu’il convient de faire. Du côté des bonnes nouvelles, le groupe bénéficie d’une production plutôt réussie (on regrettera quand même le surmixage des cymbales, parfois très irritant), et d’une mise en place plus précise et professionnelle. Laurent Rabatelle, aux guitares, continue à tirer le groupe vers le haut avec un jeu irréprochable qui éclaire même les titres plus faibles. Mais là où l’on avait quitté un groupe agressif et lyrique, puisant son inspiration de manière parfois trop flagrante chez Dream Theater, on retrouve un groupe très agressif, peu lyrique, et puisant son inspiration de manière souvent trop flagrante chez Dream Theater, Rhapsody et Angra… La variété de l’album précédent, et ses respirations acoustiques, sont mises au rencard, au profit d’un déluge de double grosse caisse qui, à force d’être utilisée à tout bout de champ, en perd sa force naturelle. C’est d’autant plus dommageable que lorsque le groupe n’en abuse pas, il jouit d’une rythmique pour le moins efficace et puissante, notamment sur le très bon "widukind". Enfin, parlons un peu du chant et des mélodies. La première impression, c’est que Eric Bevilacqua a plus de mal à placer sa voix qu’avant, et qu’il a d’énormes progrès à faire au niveau de son accent anglais. Si cette dernière impression persiste, la première est à relativiser. Car au fil des écoutes, on a davantage l’impression que la composition de certains titres laisse finalement peu de place à une mélodie principale chantée, et qu’il a dû être particulièrement difficile d’y placer sa voix. Voila une autre comparaison avec Dream theater, qui, à l’époque de "When dream and day unite" ne facilitait pas la tâche de son chanteur... Et un point sur lequel le groupe devrait se concentrer pour continuer à progresser… Reste à espérer que RIP saura user de ses talents pour ne pas verser dans la facilité, que ce soit dans la citation (les inspirations sont vraiment beaucoup trop présentes), ou dans les arrangements (le recours trop systématique à la double grosse caisse, comme si elle seule était garante d’énergie et de dynamisme). Le potentiel, comme j’avais pu le dire après le premier album, est bien là. Il s’agit donc pour RIP de faire les bons choix pour l’exploiter à sa juste mesure. "Evilution" est un petit pas dans la bonne direction ; espérons que le groupe progresse un peu plus vite la prochaine fois… Daniel Beziz |