Queensryche : Tribe (2004 - cd - parue dans le Koid9 n°49)

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"Queensrÿche demeure lui-même", dixit Scott Rockenfield dans l’interview qu’il nous a accordée. Même au niveau de la durée (un peu moins de 42 minutes !), Queensrÿche reste au format discographique des années 80 ! Et pourtant, "Tribe" ne sonne pas du tout daté, bien au contraire… L’album s’ouvre par le bien nommé "open", standard potentiel dans la veine d’un "as I am". "Losing myself" démarre par la rythmique inventive de Scott, sur laquelle se greffent des synthés ambient, puis une guitare grungy. Le refrain, magnifié par la voix toujours aussi pure de Geoff Tate, est une nouvelle fois imparable. L’arabisant "desert dance" réussit le tour de force de sonner rock moderne (limite nu-metal même, avec des guitares saturées et des vocaux scandés) tout en conservant les basiques (le timbre de Tate et les ambiances bizarroïdes). Le semi-acoustique à la Led Zep, "falling behind", calme le jeu avec son tempo chaloupé qui évoquerait presque une valse. Encore un morceau réussi, centré sur la voix exceptionnelle de Geoff Tate. "Great divide" reste dans un univers zeppelinien avec toujours ce côté arabisant à la "kashmir". Le son de la guitare solo est très chouette, alors que celui de la gratte rythmique et de la basse rappellerait plutôt un grunge propret, du style Cranberries. J’aime beaucoup, mais nous sommes déjà au 5ème titre et nous n’avons pas entendu un seul solo de guitare décent. Et pourtant, si je me rappelle bien, Queensrÿche compte en son sein 2 guitaristes dont Chris DeGarmo qui avait fait son retour pour l’album… Queensrÿche circa 2003 est centré sur un chant transcendant, des mélodies exceptionnelles et les ambiances prenantes, comme le prouve encore l’atmosphérique "rhythm of hope" avec ses synthés omniprésents et son chant limite envahissant. "Tribe" se rapproche en définitive beaucoup plus de "Promised land" que d’ "Operation mindcrime", ce qui n’est pas pour me déplaire… L’étonnant "tribe" (le morceau) tranche avec ce qui précède, nous offrant des ambiances "tribales" (sans blague ?), des sonorités étranges, une mélodie inchantable (sauf par un chanteur du calibre de Geoff Tate)… Un tour de force, bien que ce ne soit pas mon titre préféré du disque. Avec un "blood" encore très actuel, Queensrÿche semble vouloir faire un pied de nez à Radiohead et Porcupine Tree. Par contre, je n’aime pas "under the skin", un peu trop bordélique avec son chant parlé, sa multiplication de voix, ses guitares grunge, ses bruitages (avec un couinement de saxophone au loin). "Tribe" s’achève par une jolie ballade aux allures de tube radio ("doing fine"), magnifiquement chantée par Geoff. "Tribe" est un bon album qui réussit à nous faire oublier ses deux précédents opus studio. Par contre, on ne peut pas dire que "les musiciens" se soient vraiment cassé la tête pour nous offrir des développements pertinents (les 10 chansons tournent chacune autour de 4 minutes !), ni de beaux soli de guitare. "Tribe" ressemble en définitive plus à un album solo de Geoff Tate qu’à un véritable disque de métal progressif. D’ailleurs "Tribe" n’est ni vraiment métal, ni réellement progressif. Mais à quoi bon les étiquettes, "quand la musique est bonne"…

Hubert Allusson






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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