Porcupine Tree : Arriving Somewhere (2006 - 2 dvd - parue dans le Koid9 n°60)

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Lorsque Steven Wilson entreprend quelque chose, il est rare que le résultat soit médiocre. On peut ne pas aimer, ne pas être d'accord avec le propos, la démarche etc, mais force est de constater que la qualité est le plus souvent au rendez-vous. Pas de son pourri à craindre ici, donc, pas plus que d'image baveuse, floue ou mal dégrossie.

Le bon goût est aussi en général de mise, avec Steven : pas d'images hideuses ou has-been à craindre, pas plus que d'animations kitsch ou de fonds de scène d'un goût douteux.

Cette "musique qui se regarde", première du genre que sorte l'arbre à porc-épic, a été filmée à l'occasion de la seconde partie de la tournée Deadwing à Park West, Chicago, à l'occasion des deux concerts donnés les 12 et 13 octobre 2005. Le film reprend un set complet pour un peu plus de 100 minutes. Les plans originaux et en couleurs le disputent à ceux en noir et blanc et aux effets spéciaux : surcharges de scratch façon "pellicule usée", filtres de couleurs et autres images de "Deadwing" en incrustations, le tout s'ajoute aux animations du concert en lui-même. On pourrait craindre le "too much" mais il n'en est rien et le résultat est un film de concert qui se regarde de bout en bout sans s'ennuyer une seconde, presque comme si on y était.

Bien sûr, la bande son frise la perfection ; comment pourrait-il en être autrement avec l'obsessionnel Steven Wilson ? Proposée en PCM stéréo elle se double d'un enregistrement DTS d'une fidélité extrême, y compris dans les graves. Il n'y a pas, en revanche, de Dolby Surround 5.1. Pour quoi faire ? Z'avez qu'à vous équiper données, les mecs... non mais, san déc !

Côté lineup, c'est le désormais classique quartet Steven Wilson à la guitare, au chant et pieds nus comme d'habitude, le toujours très souriant (Umour toujours) Richard Barbieri aux claviers et synthés, l'éternel et lunaire Colin Edwin à la basse et Gavin Harrison (qui semble bien convenir malgré les critiques dont il avait fait l'objet de la part de certains, puisqu'il remplace maintenant Chris Maitland depuis quatre ans déjà) à la batterie, augmenté du fidèle John Wesley qui intervient à la guitare. Ce combo est bien rôdé et fonctionne à merveille, Steven Wilson occupant souvent le devant de la scène tandis que le virtuosique et passionné John Wesley l'épaule.

La setlist pourra paraître étrange à certains puisque des morceaux comme le morceau titre du dernier album, "deadwing", "gravity eyelids" ou encore les traditionnels "shesmovedon" et "last chance to evacuate planet earth" en sont absents. Mais si l'on fait abstraction des us et contumes pour se concentrer sur l'écoute, on s'aperçoit que l'équilibre entre morceaux plutôt metal et les autres, plus atmosphériques est particulièrement bon, ce qui ajoute encore au plaisir d'écoute et de visionnage. Citons en vrac les indispensables "even less" et "lazarus", l'étonnant "don't hate me", tiré de "Stupid dream", "start of something beautiful" ou "heartattack in a layby", sans oublier celui qui a donné son titre au DVD, le très réussi et très beau "arriving somewhere but not here".

Certains regretteront l'absence du toujours très apprécié "radioactive toy" de cette setlist. Ceux-là pourront se consoler en l'écoutant (et en le regardant) sur le second DVD, consacré aux nombreux bonus, en stéréo uniquement toutefois (c'est de la télé) : avec "futile", il fait partie des extraits de Rockpalast, la célèbre émission allemande, proposés ici. Parmi les bonus on trouve également le clip promotionnel de "lazarus" et certains films projetés lors des concerts en fond de scène.

L'objet en lui-même est agréable : seul l'arrière de l'étui du double digipack comporte l'indispensable texte explicatif ; tout le reste n'est que visuel. L'avant de l'étui est graphiquement très réussi et laisse apparaître les belles photos de concerts ornant le digipack en lui-même lorsqu'on le retire. Une "musique à voir" très convaincante donc, même pour ceux qui, comme moi, y sont bien souvent plutôt réfractaires.

Benoît Herr






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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