Osm'oz : Humains (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°45)
Faisant suite au prometteur "Chrysalides" paru en 1999, les cinq jeunes musiciens du groupe Osm’oz nous reviennent aujourd’hui avec "Humains", un nouvel album qu’ils auront bien pris le soin de peaufiner et de laisser mûrir avant livraison. Toujours fort bien produit (avec juste un petit bémol quant à certaines parties de guitare qui gagneraient à davantage de clarté et de puissance), l’album m’aura cependant laissé sur ma faim au regard des attentes et espoirs placés en lui, suite à la bonne surprise générale que constitua son très réussi prédécesseur. Non pas que ce nouveau disque soit mauvais (loin s’en faut) ou qu’il n’apporte rien par rapport aux précédents (les nouvelles idées et audaces ne lui font effectivement pas défaut), je dirais juste qu’il manque à "Humains" l’ambition, l’équilibre et la cohérence de "Chrysalides". Pour le reste, rien ou presque à redire. En trois albums, le groupe de Bailleval (très actif au niveau local, concerts et festivals en témoignent !) a su en effet se forger un style bien à lui et immédiatement reconnaissable, fort des influences et goûts personnels de chacun de ses membres, portant à la fois sur le rock, la pop, le métal, la musique classique, la chanson française et le progressif. La grande nouveauté sur ce nouvel opus, c’est le durcissement du ton et la volonté de sonner plus "rock" qu’à l’accoutumée. Pour ce faire, la groupe va jusqu’à intégrer des éléments de Nu-Metal dans certaines de ses compositions (chant quasi guttural sur les excellents et vitaminés "Joueurs" et "7" !), mais qui dépareillent un peu dans un contexte général trop estampillé "variété" à mon goût. Ce sentiment est renforcé par le chant fragile de Patricia Dumet (qui évoque de manière assez claire celui d’Axelle Red !) et celui, encore un peu trop "policé" pour un rock-band, de Pascal Panunzi. Si certains titres sortent vraiment du lot (comme le fameux "trop tard", petite perle de pop atmosphérique où la basse ronde de l’excellent Donas Faedy fait merveille !), l’ensemble ne décolle jamais vraiment. Sans aucun doute, les amateurs de bonne chanson française et de jolies mélodies apprécieront, mais pour ma part, j’attends toujours un nouveau "voyage"… Côté littéraire, ce nouvel opus ne manque certes pas d’inspiration, toujours aussi fort de très jolis textes emplis de poésie, souvent sombres et intimistes, parfois "engagés" ("amnestie"), mais toujours porteurs d’espoir et donc, profondément "humains". Ceux-ci sont dans leur grande majorité signés par la charmante Patricia, épaulée ici et là par ses acolytes dans la noble et difficile tâche de l’écriture. De ce point de vue, "Humains" est indéniablement une réussite. Au niveau purement musical par contre, ce sera à chacun d’en juger en fonction de ses propres exigences. A noter pour finir la participation de Christian Décamps sur "être un ange" (ben tiens !), très jolie chanson interprétée en duo et qui conclut l’album en forme d’hommage à qui vous savez. Philippe Vallin |