Antonius Rex : Zora (1977 - cd - parue dans le Koid9 n°74)

Accès direct au cd Per Viam

Difficile de parler synthétiquement d'un tel groupe ayant un tel poids historique derrière lui. Fondé par le guitariste, compositeur, philosophe à ses heures, Antonio Bartoccetti et par la claviériste, ingénieur du son, Doris Norton (aka Fiamma Dallo Spirito), son épouse, le groupe est à ranger dans la catégorie mystique-progressive-dark-metal. Antonio a aussi fondé Jacula, autre groupe culte et les moins connus Dietro Noi Deserto (qui a quand même sorti un single chez Decca en 1971) et Invisible Force. Le premier "véritable" album du groupe (en effet, son prédécesseur daté de 1974 sera jugé outrageux par le label Vertigo, notamment à cause de sa pochette représentant une lettre "diabolique" du XVIIe siècle et ne verra finalement jamais le jour), "Zora" est la réédition du classique de 1977, déjà réédité une fois mais sans sa célèbre pochette (remplacée par une plus "correcte" un an plus tard), ici reproduite intégralement. Il s'agit de la "witch" (sorcière), fouet en main et largement dépoitraillée, qui fait jouer un trio classique de squelettes  : jouissif  ! Le groupe déclare qu'à l'époque, l'album, sans concept, n'est sorti que pour des raisons économiques. Jugement assez dur pour une ?uvre intéressante, même si non dénuée de défauts et nettement en dessous de ce que l'auteur fera ensuite sous son nom ou avec Jacula. Le groupe est complété par le batteur Albert Goodman, décédé l'année suivante dans des circonstances plus qu'étranges (occultisme  ?) et quelques membres du groupe Raminghi. Le premier morceau "the gnome", qui ne figurait pas sur l'édition originale (mais sur la première réédition) a été composé en 1978. Musicalement intéressant (quoique la rythmique disco, hein  !), le chant anglais mal assuré du chanteur (issu de Raminghi) gâche tout. Les claviers sont majoritaires. Autre ajout par rapport à l'édition première, le dernier morceau "monastery", qui est de plus fort intéressant. Daté de 1980, le titre voit le piano de Doris ainsi que ses synthétiseurs épaulés par les guitares électrique et acoustique d'Antonio. Globalement, le groupe joue plus que bien, les développements musicaux sont légions (les guitares et les synthés dominent) le tout dans un registre gothico-dark étonnamment plutôt jazz. Les vocaux, masculins comme féminins (Doris) sont en général pauvres, surtout quand ils sont chantés en anglais (ça passe mieux en italien, langue d'origine des chanteurs). Les fans du groupe verront donc d'un bon ?il cette magnifique réédition digipack trois volets assortie d'un généreux livret typique de l'étrangeté du groupe avec de magnifiques photos, notamment de la belle Doris.

"Per viam" est le dernier album en titre d'Antonius Rex. Basé sur des compositions ésotériques d'Antonio Bartoccetti, le groupe est à nouveau constitué de Doris Norton, aux claviers, chant, batterie digitale, arrangement, ingénieur du son et programmations. Le nouveau batteur se nomme Florian Gorman. Une médium est aussi créditée Monika Tasnad et ne me demandez surtout pas quel fut son rôle dans l'enregistrement, je ne veux pas le savoir  ! Un invité, Rex Anthony, joue aussi du synthétiseur sur 3 titres. La musique ici est nettement plus moderne, sorte de mix entre énergie pure, rock techno-industriel gorgé de piano, de synthétiseurs symphoniques et d'orgues d'église sépulcraux. Les vocaux, parlés ou chantés, masculins et féminins participent à donner ce son riche, luxueux, décadent, très noir. Personnellement, je ne suis pas trop friand de ces élucubrations mystico-sataniques et je trouve notamment que les vocaux de ce type sont le plus souvent ridicules. Par contre, l'ambiance est intéressante, on se croirait quelquefois dans un film de Dario Argento. Attention, lorsque Doris Norton chante véritablement, c'est un véritable enchantement ("UFDEM" qui est une reprise d'un vieux titre de Jacula). Le guitariste Antonio Bartoccetti a, comme pour ses précédents albums, d'abord écrit un scénario vidéo pour chacun des morceaux, puis a composé les titres audio et enfin a enregistré l'album. Tout ce travail lui a pris 14 mois. Le disque est sous-titré "Mysticdrug for the next generation" ce qui montre bien qu'il souhaite avec lui toucher les nouvelles générations. A noter que c'est un peu le bordel pour s'y retrouver étant donné que la pochette annonce 7 titres et que le lecteur en "voit" 9, mais bon, j'ai cru comprendre que certains morceaux avaient été "coupés" en 2 pistes, ceci expliquant sans doute cela. Un bonus CDROM sous la forme de la vidéo de "Micro Demons" est aussi inclus (assez kitch et très rigolo vu au xème degré) et sur son très beau site gothique on peut aussi visionner la vidéo de "Angels and Demons". Comme d'habitude avec Black Widow, le disque se présente sous la forme d'un très beau digipack trois volets nanti d'une superbe pochette due à Drago Jieanu. Franchement recommandé à tous les fans de dark prog.

Renaud "white widower" Oualid






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

L'URL pour cet article est : http://www.koid9.net/sections.php?op=viewarticle&artid=105