Antimatter : Lights Out (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°47)

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Lorsqu'il quitte Anathema, après la sortie d'un "Alternative 4" qui offrait de nouvelles perspectives quant à l'orientation musicale du groupe, Duncan Patterson laisse derrière lui une frange de ses fans avec leurs regrets. De sorte qu'en 1998, juste après son départ, lorsqu'il annonce son retour avec Antimatter, son nouveau projet, cela ne passe pas inaperçu. Deux ans plus tard paraît un premier album remarquable : "Saviour" (Koid'9 n°44). Celui-ci est salué par la presse comme il se doit. Malheureusement, ce disque connaît des problèmes de distribution, ce qui ne facilite en rien la reconnaissance du projet. Un projet qui s'articule autour de Mick Moss et de Patterson. Ensemble, ils forment le noyau dur d'Antimatter. Le chant est, pour sa part, confié à deux femmes : Michelle Richfield et Hayley Windsor. Avec ce nouvel album, on retrouve la même formation. Seule différence, Mick Moss s'implique beaucoup plus dans le chant. Et si le style n'est plus en adéquation avec celui de son ancien groupe, Patterson n'en a pas moins gardé ce goût immodéré pour les ambiances floydiennes. C'est particulièrement flagrant avec ce "Lights out". En incluant des artifices (bruitages) de toutes sortes, il ne fait qu'accentuer ce sentiment. Ce disque se concentre sur les ambiances. Le côté dépouillé et l'instrumentation minimaliste contribue à les renforcer. Elles sont parfois inquiétantes ("lights out", "expire"). Exit les dérives trip hop de "Saviour". Duncan Patterson a consolidé la touche "dark orchestral ambient". Ce qui donne un résultat peu conventionnel. Le matériel qu'il présente (9 titres au total) possède sa part de mystère. C'est sombre et mélancolique. A l'image de l'artwork du livret. Autant celui de "Saviour" baignait dans une blancheur presque immaculée, autant celui de "Lights out" n'offre quasiment que du noir. Outre ce détail, force est de constater que les compositions sont plus matures, que les rôles sont mieux définis (l'équilibre et le choix entre les voix masculines et féminines). Bref, que le style d'Antimatter s'est affirmé. C'est comme une sorte de Pink Floyd en proie à la déprime. Mais cela reste beau et prenant. Les mélodies ne sont pas écartées. "Lights out" en regorge. N'écoutez pas ce disque dans n'importe quelles conditions. Plongez-vous dedans. Le potentiel émotionnel est réel. Et tout n'y est pas noir. L'album renferme quelques perles dont un "everything you know is wrong" qui aurait pu être l'œuvre d'un Floyd au mieux de sa forme. Antimatter produit certes une musique en marge mais c'est surtout une musique qui a l'outrecuidance d'aller à contre-courant d'une démarche commerciale. Je n'ose imaginer ce que serait devenu Anathema si Duncan n'avait pas claqué la porte. Alors cette fois ci, ne laissez pas passer l'occasion de découvrir un groupe d'exception.

Denis Perrot






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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