Metamorphosis : After All These Years (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°46)

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Pour nous faire patienter avant la sortie du second Xang et du prochain Moongarden, voilà que le label suisse Galileo se lance dans la distribution des autoproductions de certains de ses compatriotes, comme de ce Metamorphosis.

Le principal musicien qui se cache derrière ce nom n'est pas un inconnu, au moins pour certaines - rares - personnes, puisqu'il s'agit du suisse Jean-Pierre Schenk. Ca ne vous dit rien ? Et si je vous parle du groupe Nature ? 1971 ? Giovanni Esposito ? … Toujours pas ? Bon, j'arrête. C'est vrai qu'il fallait évoluer pas loin de la Suisse et à cette époque lointaine pour connaître. Mais dans le quartier, c'était assez réputé, pendant un ou deux ans, à ce moment-là.

Le groupe Nature ayant éclaté, Jean-Pierre Schenk ne s'est malgré tout jamais départi de la musique, et même s'il s'est parfois éloigné du prog, c'est vers ce genre que vont tous ses projets. C'est en 2000, lorsqu'il emménage dans une maison lui permettant d'installer son propre studio, qu'il a l'idée de Metamorphosis, un projet, plus qu'une formation musicale pérenne. Et c'est alors que, 8 mois durant, il compose et arrange cet opus, puis enregistre les parties de batterie (ah oui, au fait, je ne vous l'ai pas dit, mais à la base, l'instrument de Jean-Pierre Schenk est la batterie), mais aussi de claviers et les vocaux, qu'il assure lui-même. Et pour les guitares, à qui d'autre qu'à l'incontournable Giovanni Esposito auriez-vous voulu qu'il les confie ? Dominique Schlafer et Milena Zaharieva complètent le projet en prenant en charge les parties de basse pour le premier, de flûte pour la seconde. Hélas, on ne retrouve cet instrument que sur un seul morceau, "new lords". La gestation de l'œuvre a été longue, puisqu'il aura fallu 20 mois au total pour accoucher de ce "After all these years", le bien nommé. Mais ça valait la peine d'attendre !

Musicalement, l'ombre des ailes déployées en grand du flamand rose plane dès les premières mesures sur cet album. Et avec elle celle des émules plus récents du grand Floyd, comme RPWL par exemple. Et elle tournoie en permanence, cette ombre, de la première à la neuvième et dernière composition. Le son de Metamorphosis est toutefois différent de ces références immédiates, moderne tout en distillant en permanence une pointe de nostalgie, car les influences de Jean-Pierre Schenk ne s'arrêtent pas à Pink Floyd : on peut aussi citer sans hésiter le Genesis de la grande époque, celle où Phil Collins, à l'instar de Jean-Pierre Schenk, jouait de la batterie et chantait peu, tandis que Tony Banks, Steve Hackett et Peter Gabriel étaient aux manettes. Mais c'est surtout à Frank Bornemann et au space-rock teuton, mélodieux et éthéré d'Eloy, sa formation aujourd'hui en hibernation (si pas plus…), que me fait penser Metamorphosis à chaque mesure. Il en résulte une musique riche, mélodieuse, aérienne voire atmosphérique et émotionnellement très chargée.

"Sanctuary" est le seul instrumental de l'album Avec 2'14, c'est aussi le morceau le plus court. Sur tout le reste de l'heure bien sonnée de "After all these years", Jean-Pierre Schenk assure le chant dans l'anglais de quelqu'un qui n'est pas natif d'outre-Manche. Mais s'il est vrai qu'en tendant l'oreille on décèle ici ou là une pointe d'accent, rien de très choquant cependant. Sa voix chaude et mélancolique ajoute encore au caractère émotionnel de l'œuvre.

L'album s'ouvre et se referme avec deux suites de près de 10 minutes, au symphonisme grandiloquent sans jamais verser dans l'arrogance, qui signent bien le classicisme rock planant & symphonique duquel se réclame l'auteur. L'équilibre entre claviers et guitares est proche de la perfection tout au long de l'album, et la batterie (acoustique), si elle intervient avec justesse, n'est jamais prépondérante, comme on aurait pu le craindre sachant qu'il s'agit là de l'instrument de prédilection de Jean-Pierre Schenk. En revanche, ce dernier prend en charge les claviers avec beaucoup de brio et de talent.

Techniquement, "After all these years" est d'excellente facture, bien qu'il s'agisse d'une autoproduction, il faut le souligner. Alors si vous êtes comme moi un "complétiste" d'Eloy et de Pink Floyd, il n'y a pas à hésiter une seconde, la musique de Metamorphosis vous ravira les oreilles.

Benoît Herr






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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